Communiqu de presse


Un pas supplémentaire dans la lutte contre le paludisme

Le paludisme tue une personne toutes les 12 secondes dans le monde, souvent un
enfant de moins de 5

ans. L'émergence des souches pharmacorésistantes du
protozoaire responsable de la majorité des infections, Plasmodium falciparum,
combinée à la résistance aux pesticides des moustiques – vecteurs de la maladie – a
contribué à la résurgence du paludisme. Devant l’actuelle absence de vaccin efficace
et la pénurie thérapeutique, les résultats d’une équipe CNRS dirigée par Henri Vial
directeur de recherche à l’INSERM, représentent une voie d'avenir dans le traitement
du paludisme. Les chercheurs proposent une nouvelle stratégie thérapeutique basée
sur le blocage par un agent pharmacologique, le G25, du métabolisme de
Plasmodium
. Le G25 a été testé avec succès, in vitro et chez des singes. En effet, une
guérison définitive des animaux infectés par Plasmodium falciparum
a été observée.
Ces résultats sont publiés dans Science
du 15 février 2002.

L'agent du paludisme est un parasite intracellulaire du genre Plasmodium, dont quatre
espèces sont pathogènes pour l’homme. Sa transmission s’effectue par la piqûre d'un
insecte diptère présent dans les zones intertropicales. Aujourd’hui, selon l’estimation de
l’Organisation mondiale de la santé, près de la moitié de la population mondiale vit dans 91
pays localisés dans les zones tropicales d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, exposée au
risque d’infection.
Si le marché mondial des antipaludiques, dominé par la chloroquine, s’évalue environ entre
100 et 200 millions US $, les alternatives thérapeutiques efficaces et accessibles au plus
grand nombre demeurent rares. En l'absence d'un vaccin dont la mise au point est sans
cesse différée, la chimiothérapie reste encore l’arme essentielle contre le paludisme. Le
modèle développé par les chercheurs du CNRS et de l'INSERM, au sein d'un laboratoire
mixte avec l'université de Montpellier 2 et en collaboration avec des scientifiques néerlandais
et colombiens, fait partie de ces approches novatrices : il est basé sur l’interférence avec le
métabolisme des phospholipides de Plasmodium.
1 UMR 5539, CNRS et université de Montpellier 2. Avec la collaboration de deux autres équipes CNRS (UMR 5810, Laboratoire des Amino-acides, Peptides et Protéines, Montpellier 2, et UMR 5473, Centre de recherche sur les biopolymères artificiels)., une équipe néerlandaise (Institute for Applied Radiobiology and Immunology, Primate Center TNO, Rijswijk, The Netherlands.) et une équipe colombienne (Fundacion Centro de Primates de l'Université del Valle, Cali, Colombie). La prolifération de Plasmodium falciparum à l’intérieur des globules rouges s’accompagne
d’une synthèse importante de phospholipides, composants essentiels des membranes du
parasite : leur taux est multiplié par six au cours du cycle de ce parasite. Les études
effectuées par Henri Vial et son équipe, ont permis de définir un schéma complet du
métabolisme des phospholipides chez Plasmodium.
A la lumière de ces données, la nouvelle stratégie thérapeutique vise à empêcher la
multiplication des membranes du parasite par inhibition du métabolisme d'un phospholipide
majeur (phosphatidylcholine) des membranes. Elle bloque ainsi le développement du
parasite.
Différentes molécules, pouvant jouer le rôle d'inhibiteur, ont été synthétisées. Un composé
de première génération, le G25, a été testé. Il présente une activité antipaludique puissante
in vitro à de très faibles concentrations, y compris sur des souches pharmacorésistantes ; il
est capable, par injection intramusculaire, de guérir définitivement des singes infectés par
Plasmodium falciparum (paludisme humain). Ce composé se montre très puissant et très
sélectif sans doute parce qu’il s’accumule massivement dans les globules rouges.
Même s’il est concevable que le parasite finisse par trouver une parade contre ce type de
molécules et génère des résistances, les premiers essais initiés au Cameroun et à
Washington DC, n’ont pas permis de mettre en évidence l’émergence de clones résistants.
Si cela devait arriver, grâce à une meilleure connaissance du mécanisme d’action de ces
nouvelles molécules, de leur cible et du métabolisme phospholipidique, il serait possible
d’envisager les mécanismes susceptibles d’être employés par le parasite pour développer
ces résistances et peut être d’y apporter les réponses appropriées.
Cette approche pharmacologique en est à un stade avancé, proche des études précliniques.
Elle peut être considérée comme l’une des voies thérapeutiques d'avenir du paludisme. Les
objectifs actuels de l'équipe sont de développer un composé administrable par voie orale. Ce
qui rendrait le traitement plus facile à suivre.
• Références bibliographiques
Wengelnik K., Vidal V., Ancelin M., Cathiard A.-M., Morgat J.-L., Kocken C.H., Calas M., Herrera S.,
Thomas A.W. et Henri J. Vial, 2002, A class of potent antimalarials and their specific accumulation in
infected erythrocytes. Science, 15 février 2002.

• Contact chercheur
Henri Vial
Tél. : 04 67 14 37 45

• Contact communication département des sciences de la vie CNRS
Marie-Pascale Corneloup-Brossollet
Tél : 01 44 96 46 48

• Contact presse CNRS
• Contact presse INSERM

Source: http://www.inserm-actualites.eu/content/download/10038/75197/version/1/file/cp_passupplement15fev02.pdf

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