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Publicité directe des médicaments d’ordonnance :
protéger les Canadiens avec une information de qualité Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité Rapport de recherche publié par
l’Union des consommateurs
1 000 rue Amherst, bureau 300
Montréal (Québec) H2L 3X5
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Rédaction du rapport
Direction de rédaction
Collaborations
Remerciements
Au comité Santé de l’Union des consommateursÀ Mary Keyork ACEF Abitibi-TémiscamingueACEF de GranbyACEF EstrieACEF de l’Île-JésusACEF du Nord de MontréalACEF du Grand-PortageACEF de LanaudièreACEF Rive-Sud de QuébecRegroupement des consommateurs d’assuranceMembres individuels L’Union des consommateurs est membre de l'Internationaledes consommateurs (IC), une fédération regroupant 250membres en provenance de 115 pays.
Le masculin est utilisé dans le seul but de faciliter la lecture.
ISBN 2-9807982-8-2
Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité L’UNION DES CONSOMMATEURS, la force d’un réseau
L’Union des consommateurs1 est un organisme sans but lucratif qui regroupe huit (8) ACEF, leRegroupement des consommateurs d’assurances ainsi que des membres individuels.
La mission de l’Union des consommateurs est de représenter et défendre les consommateurs, enprenant en compte de façon particulière les intérêts des ménages à revenu modeste. Lesinterventions de l’Union des consommateurs s’articulent autour des valeurs chères à ses membressoit, la solidarité, l’équité et la justice sociale, ainsi que l’amélioration des conditions de vie desconsommateurs aux plans économique, social, politique et environnemental.
La structure de l’Union des consommateurs lui permet de maintenir une vision large des enjeux deconsommation tout en développant une expertise pointue dans certains secteurs d’intervention,notamment par ses travaux de recherche sur les nouvelles problématiques auxquelles lesconsommateurs doivent faire face; ses actions, de portée nationale, sont alimentées et légitiméespar le travail sur le terrain et l’enracinement des associations membres dans leur communauté.
L’Union des consommateurs agit principalement sur la scène nationale, en représentant les intérêtsdes consommateurs auprès de diverses instances politiques ou réglementaires, sur la placepublique ou encore, par des recours collectifs. Parmi ses dossiers privilégiés de recherche, d’actionet de représentation, mentionnons le budget familial et l’endettement; l’énergie; les questions liées à latéléphonie, la radiodiffusion, la télédistribution et l’inforoute; la santé, l’alimentation et lesbiotechnologies; les produits et services financiers ainsi que les politiques sociales et fiscales.
Finalement, dans le contexte de la globalisation des marchés, l’Union des consommateurs travaille encollaboration avec plusieurs groupes de consommateurs du Canada-anglais et de l’étranger. Elle estmembre de l’Organisation internationale des consommateurs (OIC) organisme reconnu notammentpar les Nations-Unies.
Ses principaux domaines d’expertise sont :
• Télécommunications, radiodiffusion et inforoute 1 L’Union des consommateurs est issue de la fusion de la Fédération des associations coopératives d’économie familiale(FACEF) et d’Action Réseau Consommateur, regroupements qui existaient respectivement depuis 1970 et 1978.
Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité SOMMAIRE EXÉCUTIF
Il existe en médecine un principe qui veut qu’un médicament soit une substance plus un moded’emploi, c’est-à-dire, en langage savant : une posologie. En cette ère de surabondanced’information, les compagnies pharmaceutiques ont beau jeu de prétendre que des patients mieuxinformés seront plus à même de s’orienter dans le système de santé pour demander et obtenir lestraitements dont ils ont besoin. Mais si ce sont les compagnies pharmaceutiques seules quienseignent le mode d’emploi aux patients, ce qui rencontrerait évidemment leurs objectifséconomiques, nous courons le risque de les voir dicter pour de bon « l’agenda » du système desanté, qui s’énoncerait désormais comme suit: « une pilule, une p’tite granule, une infusion, uneinjection2 ».
L’enjeu qui consisterait à fournir aux consommateurs une information de qualité relative auxmédicaments d‘ordonnance a été identifié par les gestionnaires de la santé dans toutes leséconomies avancées. Deux pays autorisent la publicité directe aux consommateurs desmédicaments d’ordonnance, les États-Unis d’Amérique et la Nouvelle-Zélande. Les autres pays, dontle Canada, l’interdisent, en réponse à un consensus solide entre le public, la profession médicale etles gestionnaires de la santé.
Mais la présence sur Internet de publicité destinée aux consommateurs américains met quand mêmenotre système au défi de fournir au public une information complète, intelligible, validée et nonorientée vers la stimulation de la consommation. La présente étude a consisté à visitersystématiquement des sites Web trouvés par un moteur de recherche en réponse à des mots-clésdécrivant diverses conditions médicales : acné, allergies, cholesterol élevé, dépression, douleursmusculaires. Nous avons établi une typologie des sites selon quatre grandes catégories : sitesthématiques ou associatifs, sites de vente en ligne de médicaments, sites encyclopédiques, sites depromotion de médicaments spécifiques.
Nous nous sommes attardés, en particulier, à vérifier dans quelle mesure les sites faisant lapromotion de médicaments spécifiques répondent à une série de critères de qualité de l’information,critères positifs (présence de contenus d’information spécifiques) et critères négatifs (le promoteurs’abstient, par exemple, d’utiliser des arguments à caractère émotif). En général, ces critères nouspermettent de définir une information de qualité comme : une information propre à renforcer lejugement et l’autonomie des patients dans l’interaction avec leur thérapeute et dans la mise en œuvredes traitements prescrits.
Dans l’ensemble, nos conclusions sont à l’effet que, même si les sites de promotion mis en place parles sociétés pharmaceutiques américaines, encadrées en cela par les exigences de la Food andDrug Administration et la prudence de leurs conseillers juridiques, fournissent une information trèscomplète, on ne peut pas considérer pour autant qu’une information de qualité est disponible enréponse aux questions des consommateurs. De même, les sites associatifs ou encyclopédiquessont limités dans leur capacité à répondre aux besoins d’information des consommateurs.
Nos recommandations portent sur l’établissement d’un portail canadien d’information sur lesmédicaments d’ordonnance, où l’information serait fournie par l’industrie en conformité avec descritères précis, mais où la mise en ligne de cette information serait assujettie à la validation d’uncomité réunissant des représentants de Santé Canada, des associations professionnelles 2 Une chanson du groupe néo-folklorique Mes Aïeux porte sur l’omniprésence des solutions pharmaceutiques dans notreenvironnement social.
Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité (pharmaciens et médecins, en tant qu’experts de la vulgarisation de l’information médicale) desconsommateurs et de l’industrie. Nos recommandations cherchent à définir quelques balises en vuede l’établissement d’un tel service sous l’égide de Santé Canada.
Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité TABLE DES MATIÈRES
Rapport de recherche publié par.2
Rédaction du rapport.2Direction de rédaction.2Collaborations.2Remerciements.2Membres.2 L’Union des consommateurs, la force d’un réseau .3
Sommaire exécutif.4
Mise en contexte : rappel du mandat.7
Rappel du mandat : les objectifs de l’étude.15
Méthodologie.16
Typologie des sites.18
Les critères d’évaluation des sites.19
Les informations relatives à la condition médicale.19 Les informations relatives aux traitements proposés.20 Les critères liés aux aspects publicitaires et promotionnels des sites.23 Les navigations.25
Conclusions.42
Recommandations.47
Médiagraphie.48
Annexe 1.49
Annexe 2.50
Annexe 3.51

Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité MISE EN CONTEXTE : RAPPEL DU MANDAT
Le débat qui a cours présentement au Canada, en Europe et dans plusieurs autres pays sur lapertinence de lever ou non certaines interdictions concernant la publicité sur les médicaments deprescription (publicité directe des médicaments d’ordonnance ou PDMO) orientée directement versles consommateurs a eu le mérite de soulever un problème important : l’absence de sourcesd’information indépendantes, fiables, et accessibles sur les médicaments de prescription.
Les consommateurs demandent plus d’information pour faire des choix éclairés. Or, à l’origine de laprésente étude se trouve l’hypothèse que l’information diffusée par la publicité ou par des sitesInternet d’information sur la santé est souvent de piètre qualité, incomplète, inexacte, imprécise oubiaisée et, de ce fait, peu susceptible de répondre aux besoins des consommateurs.
Cadres législatifs
Le cadre législatif courant au Canada
«Au Canada, La Loi sur les aliments et drogues contrôle la vente de drogues du point de vue de la
santé, de la sécurité et de la répression des fraudes. La Loi comprend une interdiction définitive de
faire, auprès du grand public, la publicité d’une drogue à titre de traitement ou de mesure préventive
d’une maladie, d’un désordre ou d’un état physique anormal énumérés à l’annexe A ou à titre de
moyen de guérison (article 3). L’annexe A comprend des maladies comme le cancer, le diabète et les
maladies du cœur. La Loi interdit aussi de vendre une drogue ou d’en faire la publicité d’une manière
trompeuse ou mensongère après du public (article 9).
En 1949, la Loi énonçait une interdiction complète de faire de la publicité de médicamentsd’ordonnance (PDMO) dans le Règlement sur les aliments et drogues (le Règlement). Cetteinterdiction a été modifiée en 1978. En particulier, l’article C.01.044 qui limite la publicité desmédicaments d’ordonnance (les produits énumérés à l’annexe F du Règlement) après du grandpublic à leur nom, à leur prix et à leur quantité. Cette modification devait permettre auxconsommateurs de comparer plus facilement les prix.
À l’origine, l’interdiction de faire la publicité directe des médicaments d’ordonnance visait à protéger leconsommateur contre les dommages à sa santé et contre les tromperies.3»Dans le contexte d’une réforme en profondeur des lois fédérales qui touchent la santé et du dépôtrécent du rapport de la Commission Romanow, des enjeux importants se dessinent autour del’information du public en matière de santé, notamment en ce qui concerne les médicaments.
Ailleurs dans le monde
La PDMO n’est permise qu’aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Au Canada et ailleurs dans le
monde, tandis que l’industrie pharmaceutique tente de faire assouplir les diverses législations
encadrant la publicité des médicaments, les gouvernements et les organisations internationales
comme l’Union européenne (UE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réfléchissent à de
nouveaux mécanismes visant un encadrement éthique des informations sur la santé en général, et
sur les médicaments en particulier.
Mentionnons qu’en Nouvelle-Zélande, un rapport commandé par le Ministère de la Santé soulève desérieuses questions sur la liberté laissée à l’industrie pharmaceutique de s’adresser directement aux 3 Santé Canada – Document de discussion avril 1999 - Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité consommateurs, et appelle le gouvernement à modifier le cadre juridique actuel4. Au-delà des enjeuxéthiques, les auteurs du rapport documentent en particulier la question de l’impact global de la PDMOsur les coûts du système de santé, sur la relation patient-médecin, sur la médicalisation de la santéet du vieillissement.
Nous nous trouvons dans un contexte où la permission donnée aux entreprises pharmaceutiques defaire de la publicité aux États-Unis entraîne un débordement vers les consommateurs canadiens, enparticulier par l’universalité de l’Internet, mais aussi par certains magazines, certaines stations detélévision, transfrontalières ou reprises sur le câble, etc. Nous discutons plus loin desenseignements à tirer de l’expérience américaine avec la PDMO et de l’influence que peut avoir laprésence de telle publicité américaine sur les consommateurs canadiens.
La question de l’information
La perspective canadienne selon la Commission Romanow
La Commission Romanow fait au moins deux recommandations sur la question de l’information
(recommandations 10 et 12) et prône un meilleur accès pour les Canadiens à des renseignements
complets, fiables et crédibles en matière de santé.
Ces questions sont d’autant plus pertinentes que les coûts croissants des services de santé sontl’objet de débats aussi importants que complexes. L’accroissement des coûts reliés auxmédicaments d’ordonnance, plus rapide que celle de tous les autres secteurs de la santé, rend laquestion de l’information sur les médicaments d’autant plus cruciale. Il est vrai que plusieursmédicaments, malgré leur prix élevé, permettent par ailleurs au système de santé d’économiser dessommes importantes, par exemple en hospitalisation ou en chirurgie.
La question de l’impact du coût des médicaments sur l’ensemble des coûts de la santé continuera dese poser de façon de plus en plus aiguë. En effet, quand on aborde certaines problématiques avecl’approche épidémiologique, ce que les gestionnaires des systèmes de santé n’ont pas le choix defaire — et ce que l’industrie pharmaceutique s’empresse de faire, par sondage ou autrement, dans lamesure où cette approche sert ses intérêts — on est bien forcé d’admettre que certaines solutionsproposées par l’industrie sont irremplaçables. Pensons à la dépression chez les personnes âgéesou aux douleurs arthritiques. Il serait impensable de revenir en arrière à l’égard de la qualité de vierendue possible par divers médicaments.
Demain, ce sera la maladie d’Alzheimer ou diverses formes de cancers qui seront transformées enmaladies chroniques avec une espérance de survie prolongée, grâce à des médicaments pourlesquels l’industrie voudra évidemment récupérer des coûts de développement astronomiques.
La promotion des médicaments adopte des formes multiples
On reproche aux compagnies pharmaceutiques leurs énormes profits et leurs investissements
disproportionnés en marketing et en publicité. Comment, dans ce contexte, les autorités et le public
peuvent-ils avoir une appréciation juste de la valeur réelle de tel ou tel médicament d’ordonnance
quant à son efficacité, son innocuité, son rapport qualité/prix et ses contre-indications?
Remarquons tout de même que l’interdiction de la publicité directe n’empêche pas l’industrie
pharmaceutique de promouvoir ses produits par d’autres moyens. Donnons l’exemple, parmi les
situations où information et promotion peuvent se confondre, de l’utilisation, par les compagnies
pharmaceutiques, du réseau des associations de personnes atteintes d’une maladie particulière
4 Toop, Les & al. Direct to consumer Advertising of Prescription Drugs in New-Zealand : for Health or for profit ?Report to the Minister of Health supporting the case for a ban on DTCA, Auckland, février 2003.
Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité lorsqu’il s’agit de faire admettre un nouveau médicament dans la liste des médicaments assurés parun régime gouvernemental.
De même, les compagnies pharmaceutiques ont-elles beau jeu d’offrir aux médecins des activités deformation qui prennent la forme de voyages dans le sud, de week-ends de golf, de croisières, etc.
Les médecins sont tenus par leurs obligations professionnelles de participer à une trentained’heures de perfectionnement par année. Si les compagnies pharmaceutiques leur offrent deprendre en charge l’organisation de telles corvées et si elles le font qui plus est dans un cadreenchanteur, comment refuser ces invitations ? Dans leurs commentaires à la FDA, Joel Lexchin et Barbara Mintzes5 observent nombre d’effetsadverses et de dimensions négatives de la publicité DTC. Par exemple: «There is also evidence that physicians prescribe most requested advertised products, often inspite of their own misgivings, thus raising questions about companies’ reliance on the « learnedintermediary » defence in product reliability cases.
[.] The decision to advertise a specific product to the public does not necessarily reflectsuperior safety or efficacy; it is a marketing decision made on the basis of likely returns oninvestment and many of the alleged benefits and/or safety advantages become muted within ashort period of time.» Lexchin et Mintzes citent une importante documentation démontrant la piètre qualité de l’informationfournie aux consommateurs dans le cadre de la PDMO, s’appuyant en particulier sur les avis deviolation et lettres d’avertissement émises par la FDA elle-même. Ils soulèvent également la questiondu temps perdu par les médecins à contredire, ou discuter avec les patients du contenu despublicités et de la pertinence du traitement recommandé. Selon eux, le caractère biaisé et lesomissions évidentes dans la majorité des publicités enlèvent toute crédibilité à l’argument qui veutque la PDMO contribue à l’éducation du public.
Finalement, les auteurs discutent de l’impact global de la PDMO sur les coûts du système de santé.
« [.] the National Institute of Health Care Management (NIHCM) found that the most heavilyadvertised drugs were contributing disproportionately to annual increases in retail drug costs.
The top 50 DTCA drugs, representing over 95% of spending in 2000, were responsible for US$9,94 billion of the $20,8 billion increase in US retail prescription drugs spending from 1999 to2000, or nearly half the total. »6 Ces chiffres laissent entendre que la PDMO constitue avant tout une stratégie particulièrementefficace d’augmentation des ventes.
5 Barbara Mintzes and Joel Lexchin, Comments to the Food and drug Administration on direct-to-consumer advertising ofprescription drugs, sans mention de date.
6 Findlay, S. Prescription Drugs and mass-media advertising, 2000, Washigton D.C., NIHCM, cité dans Barbara Mintzesand Joel Lexchin, Comments to the FDA. op. cit.
Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité Les enjeux
L’enjeu de la santé publique
Les nombreux recours collectifs, au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, qui visent des
médicaments particuliers qui s’avéreraient moins efficaces ou dont les effets secondaires seraient
plus graves que ce que prétendait leur fabricant, illustrent une fois de plus, sans égard aux
conclusions de chacun de ces recours, l’importance pour les consommateurs de disposer
d’informations complètes et fiables pour l’intégrité de leur santé.
Les médicaments ne sont pas un bien de consommation comme les autres et peuvent êtredangereux pour la santé s’ils ne sont pas utilisés correctement. Informer les consommateurs par lebiais de la publicité ou d’une information biaisée par des intérêts commerciaux comporte des risquespour la santé, qui sont maintenant mieux connus. De plus, les nouveaux médicaments font souventl’objet de publicité massive, alors que leurs effets secondaires sont souvent encore méconnus etqu’ils peuvent avoir des conséquences graves sur la santé.
En fait, comme nous le développerons plus loin, les compagnies pharmaceutiques, quand elles ontcomplété leurs essais cliniques de phase 3, ont besoin de tester leurs produits sur des échantillonsde population beaucoup plus vastes, ce qu’une mise en marché à l’échelle de populations entièrespeut seule leur offrir. Pour des dizaines de nouveaux produits, les consommateurs deviennent à leurinsu, les cobayes des essais cliniques de phase 4 ou, plus précisément, les cobayes des essaisd’échelle épidémiologique. Dans un cas comme celui de l’anorexigène Redux, il a fallu des centainesde morts avant que la profession médicale tire la sonnette d’alarme afin que le produit soit banni dumarché.
Publicité vs besoins et comportement des consommateurs
Une recherche récente menée par l’Association des consommateurs du Royaume-Uni sur les
besoins d’information des patients a montré que les consommateurs veulent une information qui
mette le médicament dans son contexte, qui soit accessible, pratique et pertinente, et veulent
connaître les thérapies alternatives. Ils recherchent de l’information sur les effets secondaires, les
interactions possibles avec d’autres produits, le dosage, l’efficacité du médicament ainsi que sur ses
contre-indications.
Une étude récente de l’université de la Colombie-Britannique7 a démontré que les renseignementscommuniqués par la PDMO sont souvent perçus comme étant de piètre qualité, que cette forme depublicité a des effets négatifs sur la qualité de la relation thérapeute-patient et qu’elle contribue àfaire augmenter les coûts des médicaments. En outre, des études empiriques suggèrent que laPDMO influe sur les comportements des patients, les profils de prescription des médecins et lescoûts des médicaments de prescription.
Une étude comparative effectuée auprès des médecins de Vancouver et de Sacramento8 a permisd’examiner directement les effets de la publicité sur la prescription des médicaments. Elle a démontréque les patients demandent fréquemment les médicaments qui ont fait l’objet de publicité et que leplus souvent les médecins répondent positivement aux demandes de leurs patients lorsque cesderniers veulent un des produits qu’ils ont vu annoncé et ce, même s’ils sont souvent ambivalents 7 B. Mintze and al. Center for Health Services and Policy Research. University of British Colombia, "Évaluation deseffets, sur le système de santé, de la publicité des médicaments de prescription orientée directement vers le consommateur(PODC)", [Tome 1 : Résumé]. Février 2002.
8 B. Mintze and al, How does direct-to-consumer advertising (DTCA) affect prescribing? A survey in primary careenvironments with and without legal DTCA, Canadian Medical Association Journal, 169 (5) Sept. 2003 Union des consommateurs, 2003-2004, p. 10 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité quant au choix du traitement. Ce qui amène les auteurs à conclure que la PDMO a un effet négatifsur le bien-fondé du traitement. La PDMO n’améliore donc certainement pas l’utilisation desmédicaments.
Par ailleurs, les études qui se sont penchées sur cette question montrent que la publicité directe desmédicaments d’ordonnance accroît le nombre de visites chez le médecin ainsi que la consommationde médicaments. Le rapport au ministère Néo-Zélandais de la Santé cité plus haut va aussi dans cesens.
Les enjeux courants
L’industrie pharmaceutique canadienne exerce des pressions pour que la législation soit modifiée
afin de permettre ici la diffusion de telles publicités, soutenant que les consommateurs ont le droit
d’être informés sur les médicaments d’ordonnance. Santé Canada concède maintenant que le
contenu de certains messages publicitaires peut être considéré comme de l’information non
promotionnelle.
S’il est vrai que les consommateurs ont besoin d’information, celle-ci doit, pour leur permettre de fairedes choix éclairés, être impartiale, complète, à jour et exacte aussi bien sur les avantages que surles inconvénients des médicaments disponibles.
Mais comment les consommateurs pourraient-ils faire confiance à une information qui leur seraitfournie par une industrie dont le but n’est pas de protéger la santé publique mais de promouvoir lavente de ses produits ? La frontière entre la publicité et l’information peut sembler bien mince et ilfaudrait convenir d’une définition systématique de ce qui constitue de la publicité et de ce quiconstitue une information de qualité.
Santé Canada retient la définition suivante : « publicité » ou « annonce » s’entend notamment de lareprésentation, par tout moyen, d’un aliment, d’une drogue, d’un cosmétique ou d’un instrument envue d’en stimuler directement ou indirectement l’aliénation, notamment par la vente9.
En 1998, Santé Canada a entrepris un processus de renouveau législatif pour moderniser lalégislation en santé et harmoniser ses procédures de réglementation avec celles d’Europe, desÉtats-Unis et des autres pays industrialisés. Ce projet prévoit notamment l’abolition de la Loi sur lesaliments et drogues et son intégration à une loi plus large de la protection de la santé. Ce processusa donné lieu à une première série de consultations publiques à l’automne 1998 portant sur diversespropositions de modification. Une deuxième ronde de consultations s’est tenue en 2003-2004 surune proposition législative en cours d’élaboration. Cette dernière consultation publique sera suivie del’élaboration d’un projet de loi.
Les enjeux du renouvellement législatif en santé sont importants pour les consommateurs. Le coûtdes médicaments augmente de façon constante au Canada depuis quelques années, en raisond’une plus grande utilisation des médicaments, en particulier de nouveaux médicaments plusdispendieux. Les efforts de marketing de l’industrie pharmaceutique auprès des médecins et de plusen plus directement auprès des consommateurs favoriseraient leur adoption rapide et leur usage deplus en plus répandu.
L’évolution récente : la PDMO est présente au Canada
Depuis que les États-Unis ont, en 1997, assoupli leurs restrictions sur la publicité des médicaments
par le biais de la radio et de la télévision, les consommateurs canadiens sont de plus en plus
exposés aux publicités diffusées par les médias américains, qui traversent la frontière. De plus,
depuis 1999, certains fabricants ont développé diverses stratégies pour contourner la loi
9 Santé Canada, Renouveau de la législation — document de référence, 11 août 2003.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 11 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité canadienne et, de plus en plus, on peut voir ce type de publicité dans les grandes villescanadiennes.
Selon les auteurs d’une étude commandée par la Commission (S. Morgan; J. Hurley : août 2002), latendance vers un marketing direct des produits pharmaceutiques auprès des consommateurs estnon équivoque. De plus en plus, les fabricants mettent au point de nouvelles techniques pourpromouvoir les ventes de leurs nouveaux produits directement auprès des consommateurs, même sices pratiques sont théoriquement interdites. Certains d’entre eux ont entrepris des démarches pourfaire lever les interdictions au Canada et dans d’autres pays.
Depuis 1999, selon D.E.S. Action Canada et le Groupe de travail sur les enjeux pour les femmes dela loi fédérale de la santé, plusieurs médicaments de prescription font l’objet de publicité directe auCanada.10 L’article C.01.044 (1) du Règlement canadien précise que « quiconque fait la publicitéauprès du grand public d’une drogue mentionnée à l’Annexe F (médicaments d’ordonnance) doit nefaire porter la publicité que sur la marque nominative, le nom propre, le nom usuel, le prix et laquantité de la drogue. » Dans les grandes villes canadiennes, on trouve de plus en plus ce type de publicité sur lespanneaux publicitaires, dans les abribus, dans le métro et les autobus, à la télévision, dans lescinémas, dans les revues populaires, sur les campus etc. Certains anovulants, par exemple, fontl’objet de publicité, n’annonçant que la marque de commerce, sans aucune autre mention (ex :Alesse, Diane 35). Il en va de même pour des médicaments traitant la dysfonction érectile : Viagra(magazines, télévision) et récemment Cialis (métro, magazines, affiches).
Dans d’autres types de publicité, le nom du médicament n’apparaît pas, mais il y a un numéro 1-800,où l’on peut obtenir de l’information sur le problème de santé soulevé dans la publicité et, bienentendu, sur le nom du médicament qui permet de traiter ce problème. On se trouve en quelque sorteà faire de la publicité autour d’une condition médicale. Un exemple frappant est celui du « socialanxiety disorder », qui fait l’objet de publicités à caractère angoissant à la télévision et dans lesmagazines américains. Généralement, ceux qui ont vu la publicité sont inités à en parler à leurmédecin, mais, de plus en plus, les personnes exposées à la publicité vont vouloir compléter leurinformation par le recours à la ligne 1-800 proposée ou aux ressources de l’Internet. Mentionnonsque dans la réglementation de la FDA, les sociétés pharmaceutiques n’ont pas l’obligation de fournirune information complète sur les contre-indications, effets secondaires, etc. des médicamentsannoncés, en autant que cette information soit facilement disponible par une ligne 800, l’Internet ouen pharmacie11.
Mentionnons enfin l’exposition des consommateurs canadiens à un volume croissant de pourriels,dont une proportion très importante vise justement la vente directe de certains médicaments.
Cet appel de l’industrie en faveur d’un assouplissement de la réglementation nous inquiète, les effetsnégatifs de ce type de publicité étant de mieux en mieux documentés. Or, dans le cadre duprocessus de renouvellement de la législation fédérale en matière de protection de la santé en coursà Santé Canada, la possibilité de permettre la publicité directe de médicaments d’ordonnance est à 10 Barbara Mintzes et Rosanna Baraldi. Les publicités directes aux consommateurs des médicaments d’ordonnance : Quandla protection de la santé n’est plus une priorité. Groupe de travail sur les enjeux pour les femmes de la loi fédérale sur lasanté, en collaboration avec D.E.S. Action Canada, 2001.
11 Dans Berger, Jeffrey T. & al., « Direct-to-consumer Drug Marketing : Public Service or Disservice? », The MountSinai Journal of Medicine, Vol. 68, No 3, Mai 2001, on trouve une intéressante discussion de l’historique des rapports dela FDA avec la PDMO. On apprend par exemple que ce n’est qu’en 1997 que la FDA a publié des directives concernantles contenus exigés de la publicité des médicaments aux consommateurs.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 12 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité l’étude. Nous jugeons important que les intérêts des consommateurs soient pris en compte danscette nouvelle Loi sur la protection de la santé.
Encadrer la publicité par une éthique
Dans sa brochure, le Groupe DES Action Canada12 rappelle que l’Organisation mondiale de la santé a
élaboré une série de critères pour un marketing éthique des produits pharmaceutiques. Ces lignes
directrices indiquent clairement que la publicité ne doit pas être déguisée ou présentée comme une
activité éducative.
Depuis, 1988, le Canada a régulièrement appuyé ces lignes directrices et adopté les résolutionsexhortant les gouvernements à les mettre en application. Que penser de cette attitude de notregouvernement qui appuie dans l’arène internationale des principes éthiques qu’il n’applique pas avecrigueur au plan national ? Santé Canada veut favoriser l’acquisition de connaissances en santé en créant puis en maintenant àjour une base de données sur la santé qui donnerait aux Canadiens accès à des renseignementsdocumentés, fiables et crédibles sur la santé et qui appuierait les efforts concertés pour promouvoirla bonne santé13.
Pendant ce temps, en Europe
Le Canada n’est pas le seul pays à envisager une modification de ses règlements sur la PDMO. En
Europe, la publicité directe des médicaments sur prescription auprès du public est interdite. L’Union
Européenne a toutefois récemment proposé une directive sur les médicaments à usage humain en
vue d’introduire une expérience-test d’une durée de cinq ans, en vertu de laquelle l’industrie
pharmaceutique aurait pu diffuser des informations sur le SIDA, le diabète et l’asthme à des groupes
de patients particuliers. Le BEUC — Bureau européen des Unions de consommateurs — s’est
fermement opposé à toute forme de communication directe entre l’industrie et les patients concernés
par les médicaments; si les patients ont besoin d’être mieux informés sur les médicaments et les
traitements, le BEUC considère inopportun de confier cette tâche à l’industrie pharmaceutique.
Le BEUC mène actuellement une campagne pour une information de qualité sur les produitspharmaceutiques : STOP à la publicité. Selon les analyses du BEUC : « Les consommateurs souhaitent des informations fiables, précises, objectives, compréhensibles etfondées scientifiquement en matière de santé. Les professionnels comme les médecins et lespharmaciens ont un rôle important dans la communication de ces informations. Nous pensons queles informations sur la santé fournies par le biais d’Internet peuvent parfois être utiles, mais nedoivent en aucun cas remplacer une visite chez le médecin. Par ailleurs, les consommateurs nedisposent pas des moyens nécessaires pour faire la distinction entre les sites fiables et dangereux,ou ceux qui sont influencés par des considérations commerciales plutôt que par les intérêts despatients. Nous avons besoin d’un repère ou d’une norme, pour que les sites Internet relatifs à lasanté soient administrés et contrôlés de manière indépendante.14 » Beaucoup d’informations sur les médicaments sont disponibles en Europe, mais les études desmembres du BEUC ont conclu qu’elles sont souvent imprécises, obsolètes, tendancieuses, nonfiables et incomplètes. Les avis sont subjectifs et trop optimistes relativement aux avantages desinterventions médicales, alors que les risques et les effets secondaires sont décrits de manièreinadéquate.
12 DES Action Canada. "Publicité directe des médicaments d'ordonnance : Lorsque la prévention des risques n'est plus unepriorité" [Brochure]. 13 Rapport de la Commission Romanow, pages 275-276, novembre 2002.
14 BEUC — Manifeste des consommateurs pour leurs députés européens, Union des consommateurs, 2003-2004, p. 13 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité Selon un article du 26 novembre 2002 (REUTERS.co.uk), la Commission Européenne envisageaitl’introduction d’un minimum de standard de qualité sur les sites Internet offrant des avis sur desquestions de santé. Les questions relatives à l’authenticité des sites sur la santé et les produitspharmaceutiques ont été évacuées depuis des années, malgré le fait que de plus en plus deconsommateurs naviguent sur Internet à la recherche d’information sur les maladies et lestraitements.
Un standard européen commun devrait renforcer la protection des consommateurs pour les sites surla santé de plus en plus populaires. Il appert que la Commission européenne est en train dedévelopper une législation pour définir exactement comment les compagnies pharmaceutiques serontautorisées à communiquer de l’information aux consommateurs. De plus, peu de temps après lapublication de l’étude de Consumers international, l’Union Européenne annonçait qu’elle voulait desstandards de qualité pour les sites Internet offrant des avis sur la santé, afin de s’assurer quel’information fournie aux consommateurs soit sûre.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 14 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité RAPPEL DU MANDAT : LES OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
Compte tenu du contexte établi ci-dessus, les objectifs de la présente étude ont été formulés commesuit : • identifier les critères pertinents à mettre en place pour assurer que les informations données aux consommateurs soient justes, crédibles et impartiales, critères qui doivent être applicableségalement aux informations données sur le Web; • chercher à mesurer, par l’analyse systématique de l’offre d’information sur Internet, si les consommateurs ont accès à une information de qualité, que nous définissons comme uneinformation susceptible de renforcer le jugement et l’autonomie des patients dans leur interactionavec leur thérapeute et dans la mise en œuvre des traitements prescrits; • préciser l’encadrement éthique et réglementaire requis en matière de publicité et d’information émanant de l’industrie pharmaceutique; • formuler des recommandations à Santé Canada pour que la réalisation du portail canadien se fasse en fonction des critères de crédibilité « canadiens », en ligne avec ceux de l’OMS et del’Internationale des consommateurs; • formuler des recommandations à Santé Canada dans le cadre du processus de révision législative en cours devant conduire à l'adoption d’une nouvelle loi sur la santé, afin que lesintérêts des consommateurs soient pris en compte, en ce qui concerne, notamment, un éventuelassouplissement de la réglementation régissant la publicité des médicaments d'ordonnanceauprès des consommateurs; • participer, avec l’Internationale des consommateurs et ses membres confrontés à cette même tendance, notamment en France, au débat international sur cette question.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 15 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité MÉTHODOLOGIE
À partir de la grille de critères présentée ci-dessous, nous avons entrepris de naviguer sur Internetpour explorer « l’offre d’information » susceptible de répondre aux interrogations du public surdiverses conditions et leurs traitements.
Méthodologie : les mots-clés
Au point de départ, nous avons introduit dans Google de simples mots clés, décrivant une condition :
muscle pain, allergies, acne, depression, cholesterol (+ high cholesterol). (Remarquons que 4 sur 5
de ces mots-clés ont la même forme en français et en anglais, lorsque tapés sans accent ou
considérant que Google ne tiendra pas compte des accents) Puis, en fonction des 8 à 10 premières
réponses obtenues nous avons poursuivi nos navigations et tenté d’apprécier les sites proposés
par Google.
Première observation : les premières réponse
En général, parmi les 10 premières réponses fournies par Google, se retrouve un assortiment des 3
premiers types de sites, pour lesquels nous avons établi une typologie qui sera élaborée plus loin :
sites thématiques ou associatifs, sites encyclopédiques et sites de vente directe de médicaments.
Ces sites qui comportent donc dans leurs « metatags » — mots-clés de repérage par les moteurs de
recherche— les appellations de diverses conditions.
Deuxième observation : les sites de promotion ne sont pas parmi les premières
réponses
Les sites de promotion des médicaments par marque générique (par ex : www.zoloft.com)
n’apparaissent pas au premier niveau, soit parmi les 10 premiers sites proposés lors d’une
recherche à partir de la dénomination de la condition.
Ce n’est que partie remise, nous croiserons bientôt les marques de commerce dans les sites devente directe, dans les sites encyclopédiques, et dans des publicités (bandeaux publicitaires Web,souvent sans mention de marque de commerce) disséminées dans les sites associatifs.
Méthodologie : les navigations à partir des premières réponses
Les premières réponses fournies par Google émanent de trois types de sites, tel qu’énumérés en
3.2. Nous avons visité ces sites assez systématiquement, et nous présentons plus loin les résultats
d’une analyse de ces visites.
Observations sur le rôle des sites de vente directe
C’est dans les sites de vente directe de médicaments d’ordonnance que l’on trouve, au premier
niveau, la mention de divers médicaments, sous leur désignation générique ou commerciale.
Dans les sites de vente directe, les informations sont, la plupart du temps, réduites au minimum, maismentionnent quand même les contre-indications, principaux effets secondaires et interactions, etc.
Dans ces sites, il n’y a pas d’hyperliens directs vers les sites de promotion-information descompagnies pharmaceutiques. Des bandeaux ou boutons publicitaires menant à ces sites depromotion peuvent par contre y apparaître.
Méthodologie : l’analyse des sites
À défaut d’hyperlien à partir du moteur de recherche, il suffit, pour trouver les sites liés aux produits,
d’inscrire le nom du médicament (générique ou marque) dans Google, ce qui nous amène
immédiatement aux sites de promotion-information mis sur pied par les compagnies pharmaceutiques.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 16 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité Au hasard des navigations, et en appliquant une grille de critères enrichie détaillée plus loin, nousavons analysé quelques dizaines de sites, mais nous nous sommes attardés en particulier aux sitesde promotion-information des médicaments d’ordonnance trouvés aux États-Unis, puisque ce sontdes sites où le savoir-faire publicitaire des sociétés pharmaceutiques se déploie avec toute sacompétence.
Une observation et une hypothèse
Les sociétés pharmaceutique pourraient acheter auprès de Google une position privilégiée dans la
colonne de droite, celle des placements publicitaires : toute la mécanique de revenus de Google est
basée sur un subtil mélange de crédibilité des réponses fournies, de statistiques reflétant les sites
les plus visités par le public, et de possibilité d’achat d’une position privilégiée. Si les sites de
promotion ne se trouvent pas parmi les premiers, c’est probablement que les compagnies
pharmaceutiques choisissent de ne pas acheter de position privilégiée, et qu’elles omettent même,
délibérément, d’inscrire les « conditions » traitées parmi les metatags de leurs sites. Pourquoi cela ?
Nous formulons l’hypothèse que c’est pour éviter que la FDA (ou tout avocat engagé dans une
poursuite liée à l’utilisation d’un médicament) n’associe ces sites à un mécanisme publicitaire,
autrement dit pour éviter d’être accusés de « prosélytisme » ou de « racolage » sur Internet. Nous
reviendrons sur le mode d’emploi de l’Internet par les sociétés pharmaceutiques.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 17 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité TYPOLOGIE DES SITES
Il existe plusieurs types de sites auxquels les consommateurs peuvent référer pour obtenir del’information au sujet de médicaments, ou, plus largement, au sujet de certaines maladies ou certainssymptômes. À partir de nos navigations, nous avons créé la typologie suivante : (nous rendronscompte plus loin dans le rapport des navigations détaillées, en fonction des types de sites) : Sites thématiques ou associatifs
Sites dont la thématique est centrée sur les « conditions 15». Ces sites peuvent être associatifs ou
commerciaux ou un mélange des deux : par exemple : acne.org, allergies.org, etc. Dans notre
navigation à partir d’un mot-clé comme acné (mot bilingue, comme allergies, d’ailleurs) nous nous
sommes trouvés à rencontrer plusieurs sites de ce type, parfois jusqu’à 5 ou 6 autour d’une même
thématique. La qualité d’information fournie par ces sites peut être très variable. On y trouve parfois
des forums ou des babillards ouverts au public, ce qui ouvre la porte à des énoncés et des
informations de qualité douteuse. Nous référerons à ces sites comme des sites « thématiques » ou
« associatifs » et, à l’étape des recommandations du rapport, nous tenterons d’établir une typologie
plus précise de ces sites, en fonction d’une classification des promoteurs.
Sites de vente en ligne de médicaments
Sites de vente en-ligne de médicaments, qui fournissent des informations sommaires (contre-
indications, posologie, mises en garde) mais pas d’explications détaillées ou vulgarisées.
Hypothétiquement, ces informations sommaires ne seraient fournies que pour répondre à des
besoins de protection légale et, probablement, pour répondre « pro forma » aux exigences de la FDA
américaine.
Sites encyclopédiques
Sites qui proposent une compilation d’informations à caractère encyclopédique, dont les entrées
correspondent au nom commercial ou générique de médicaments et qui sont proposés soit par le
secteur privé (ex : yahoo, health.yahoo.com/health/encyclopedia/) soit par le secteur institutionnel
(ex : la US National Library of Medicine, www.nlm.nih.gov/medlineplus/druginfo/uspdi/)
En général, ces sites offrent une information fondamentale mais peu de vulgarisation oud’explications. Il arrive parfois, au contraire, que les sites présentent un effort de vulgarisation qui seconfine à la simplification à outrance.
Sites de promotion de médicaments spécifiques
Sites faisant directement la promotion de médicaments, qui sont identifiés comme tels par les
fabricants et qui sont astreints à la surveillance de la FDA quant à leur contenu, à la nature des
énoncés, etc. Ces sites sont faciles à trouver puisqu’ils portent habituellement le nom de la marque
de commerce dont ils font la promotion (ex : www.paxil.com). La présente étude s’est surtout
attardée à ces sites, sur lesquels l’industrie pharmaceutique démontre la puissance et l’articulation
de ses ressources en matière de publicité.
Notons immédiatement que ces sites portent la mention : This site is intended for US residents only,ou un énoncé équivalent. Notons que des mécanismes simples sont disponibles dans la diffusionInternet pour interdire l’accès à des sites à des internautes dont le fournisseur ISP est basé hors desÉtats-Unis. Si les promoteurs de ces sites, tout en affirmant qu’ils ne s’adressent qu’aux résidentsdes Etats-Unis, n’en interdisent pas l’accès, nous pourrions avancer l’hypothèse qu’ils le font enpleine connaissance de la valeur de leur site comme médium publicitaire sur les marchés hors-USA.
15 La notion anglaise de « condition médicale » qui sert à décrire une maladie aussi bien qu’un symptôme, peut êtretransposée telle quelle en français, mais nous n’y recourrons pas systématiquement.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 18 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité LES CRITÈRES D’ÉVALUATION DES SITES
Pour évaluer la qualité des sites Internet, notre proposition initiale prévoyait l’élaboration d’une grillede critères, à partir de la grille de l’OMS et de celle de Consumers International. Selon ces critères,l’information sur les médicaments devrait comporter les rubriques suivantes : Informations relatives à la condition médicale
• Le nom de la condition ou le nom de la maladie • Les symptômes, signes précurseurs, facteurs de risque, etc.
• l’information sur la prévalence d’une condition • les causes, les symptômes, les facteurs concomitants Informations relatives aux traitements proposés
Informations générales
• Approbation d’une autorité réglementaire À ces critères, nous en avons ajouté quelques autres, portant sur le caractère « publicitaire » ou« promotionnel » de la communication proposée dans divers sites Informations à caractère « publicitaire » ou « promotionnel »
• Mécanismes d’interaction commerciale, de prise d’information Avant d’aborder l’application de cette grille de critère à l’appréciation des sites visités, nous avonssouhaité discuter, à la lumière des navigations préliminaires, de l’applicabilité et des limites des diverscritères et livrer les premières observations de nature générale.
Informations relatives à la condition médicale
Une série de critères sont proposés pour décrire et donner à comprendre la condition médicale pourlaquelle un traitement est offert : description, symptômes, causes, etc. C’est ce que la sciencemédicale regroupe souvent sous le terme de « l’étiologie d’une maladie ».
Notons donc qu’en général, les éléments d’information associés à la « condition » sont biendéveloppés dans les sites thématiques, et moins systématiquement dans les sites de promotion destraitements pharmaceutiques. De même, la nature et la portée des conditions médicales peuvent allerdu « très pointu » (par exemple, la goutte) au très vaste (par exemple : la dépression).
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 19 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité Le nom de la condition ou le nom de la maladie
L’information peut être présente quand il s’agit d’une condition à l’étiologie bien circonscrite (par
exemple, l’acné). Par contre, une condition décrite comme « douleur musculaire », si elle présente un
mot-clé utile pour le lancement d’une recherche, ne constitue pas une maladie en soi, mais plutôt un
symptôme ou la conséquence d’une condition. Ainsi, la douleur musculaire constitue une « porte
d’entrée » pratique vers une vingtaine de conditions ou maladies, qui pourront, elles, faire l’objet
d’une discussion étiologique plus poussée.
On peut ainsi s’attendre à ce que, dans les sites thématiques ou associatifs, l’insistance portedavantage sur l’étiologie (symptômes, causes, facteurs de risques, etc.) d’une maladie ou condition,tandis que les sites associés à un médicament ou les sites de vente en-ligne insisteront moins surcet aspect.
Les symptômes, signes précurseurs, facteurs de risque, etc.
Personne ne peut prétendre fournir en-ligne les éléments d’un diagnostic. Les sites élaborés par les
compagnies pharmaceutiques demeurent prudents et ne s’avancent pas trop dans ce type
d’information. Dans les sites à caractère associatif ou thématique, on trouve à l’occasion, si le travail
de vulgarisation est de bonne qualité, une discussion en profondeur sur les causes, les facteurs de
risque, le développement des symptômes, etc.
L’information sur la prévalence d’une condition
• Il s’agit d’un type de statistiques extrêmement complexe à établir et, jusqu’à maintenant, nous n’avons pas trouvé ce genre de discussion dans les sites visités.
• Si nous parvenons à trouver un énoncé du type : « il y a eu XX milliers de consultations pour des problèmes d’origine arthritique au Québec l’an dernier », cette information ne nous indiquetoujours pas combien de personnes souffrent de la condition, selon quelle gravité, ou commentsont distribués ces gens au plan démographique. C’est un type d’affirmation que l’on trouveragénéralement dans un énoncé à caractère promotionnel : 12 millions d’Américains souffrent dedépression. Sous-entendu : si vous souffrez de dépression et que vous ne voulez pas lereconnaître ou vous soigner, votre problème est double! Les causes, les symptômes, les facteurs concomitants
On considèrera généralement comme un critère de qualité la présentation d’une information complète
sur les causes, les symptômes, les facteurs concomitants (âge, alimentation, autres conditions
associées à l’apparition d’une condition donnée, etc.), dans la mesure où ces informations sont
facilement intelligibles et peuvent servir à un patient à mieux comprendre et interpréter sa condition.
L’absence de ces informations sera considérée comme un facteur de faible qualité.
Informations relatives aux traitements proposés
Les alternatives au traitement
Les sites thématiques présentent généralement un éventail de traitements, en commençant par les
changements de mode de vie qui peuvent avoir une incidence sur une condition donnée :
alimentation, exercice, sommeil, etc. Dans les sites promotionnels, par contre, ce type d’information
est parfois esquivé, ou réduit à sa plus simple expression. Au vu de la rédaction de la majorité des
sites, les promoteurs donnent l’impression de s’acquitter de l’exigence de fournir une information sur
les alternatives de traitement pour la forme, pour répondre de façon minimale aux exigences de la
FDA16.
16 BERGER, Jeffrey T. & al., « Direct-to-consumer Drug Marketing : Public Service or Disservice? », The MountSinai Journal of Medicine, Vol. 68, No 3, Mai 2001.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 20 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité Par exemple : si l’on discute d’hypercholestérolémie, le site promotionnel mentionnera : « Votretraitement devrait ou pourrait comprendre une diète où l’on cherchera à réduire l’apport encholestérol, de même qu’un programme d’exercice. ». sans toutefois discuter de la possibilité qu’un« régime de vie » amélioré pourrait à lui seul à contrôler le taux de cholestérol sanguin. De même, lessites associés à des médicaments pour le soulagement de l’arthrite mentionneront l’existence detraitements « naturels » comme la glucosamine ou les apports de cartilage, mais sans pousser ladiscussion sur les mérites relatifs de diverses thérapies.
Les sites promotionnels font souvent le syllogisme suivant : « Si votre médecin considère que letraitement X est le meilleur pour vous, c’est qu’il a aussi considéré les alternatives. alors n’hésitezpas à demander à votre médecin de vous prescrire X, etc. » Dans plusieurs cas, la compagnierapportera des résultats d’essais cliniques pour démontrer l’efficacité du traitement suggérécomparativement à un mode de traitement ou à un médicament plus ancien.
La présentation équilibrée de traitements alternatifs, y compris de solutions non médicales,constituera un critère de qualité. L’absence de ces informations sera considérée comme un facteurde faible qualité.
Les effets secondaires
On présume que les conseillers juridiques ont la main lourde dans la rédaction des sites
promotionnels. Pour ne rien laisser au hasard, tous les effets secondaires imaginables seront cités,
plutôt que de risquer d’en oublier un seul; les fabricants ne veulent par être pris en défaut sur cet
aspect de la législation. Pourtant, l’exemple du fabricant de la forme générique de l’Accutane nous
offre une démonstration éloquente des moyens par lesquels un fabricant peut choisir de minimiser
certains effets (dans ce cas ci : des conséquences psychiatriques, qui, statistiquement, peuvent
affecter 1% des patients traités).
On considèrera comme un critère de qualité la présentation franche, dans les niveaux les plusaccessibles du site, des principaux effets secondaires d’un traitement, et des principaux effetsassociés à d’autres conditions chez un patient. Nous considèrerons comme un critère de qualitél’adéquation entre les informations fournies aux professionnels de la santé et celles qui sont fourniesau grand public.
Interactions médicamenteuses
Les interactions médicamenteuses sont, en quelque sorte, une sous-catégorie des effets
secondaires. Elles font l’objet d’un développement extensif dans les monographies destinées aux
professionnels de la santé. Les faits saillants, les mises en garde principales sur les interactions
avec des médications courantes devraient toutefois être reprises pour le grand public. En général,
lorsque certaines interactions présentent un danger immédiat, elles font l’objet d’une mise en garde
dès les premières pages d’un site.
À titre d’exemple : sur la page d’accueil de Cialis (un nouveau concurrent du Viagra), on trouve unavertissement à l’effet que la combinaison du produit avec des nitrates (pour l’angine), avec desalpha-bloquants, ou avec de l’alcool (en quantité suffisante pour provoquer l’intoxication)entraîneront des complications.
On devine fréquemment, dans les sites de promotion, le tiraillement entre « le marketing », quisouhaiterait minimiser ou édulcorer l’information « négative » sur les effets secondaires et lesinteractions médicamenteuses et « le contentieux », d’autre part, c’est-à-dire les conseillersjuridiques qui sont conscients des responsabilités qu’on pourrait imputer à la société pharmaceutiquepour l’omission de mentionner certains effets secondaires possibles. Dans la plupart des cas, laprudence des conseillers juridiques semble l’emporter, s’exprimant dans plusieurs registres : enparticulier, le site est exhaustif dans l’énumération des effets secondaires, contre-indications, Union des consommateurs, 2003-2004, p. 21 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité interactions, etc., s’abstenant d’autre part de formuler des affirmations, qui pourraient être perçuscomme strictement « publicitaires ».
Succès
La discussion des taux de succès est une question délicate. Les compagnies pharmaceutiques
détiennent probablement des statistiques à caractère épidémiologique sur l’effet des médicaments en
fonction de divers facteurs concomitants (âge, gravité de la condition traitée, etc.); ces statistiques
sont toutefois probablement traitées comme des secrets commerciaux.
On devrait toutefois pouvoir obtenir sur un site un énoncé clair de ce que les fabricants et/ou leschercheurs reconnaissent comme effet thérapeutique principal des traitements proposés. À plusforte raison, si une discussion franche de l’incidence ou de la probabilité de ces résultats, en rapportavec des facteurs concomitants (âge, sexe, état de santé général) est fournie, nous considèreronscette information comme un critère de qualité.
Posologie
La définition d’un médicament, c’est : un produit + une posologie, c’est-à-dire un mode d’emploi
détaillé. Cette information se trouve évidemment dans la monographie professionnelle d’un
médicament et sera communiquée au patient par le médecin ou le pharmacien. Dans certaines
circonstances, la posologie sera ajustée par le médecin traitant en fonction, par exemple, du poids
du patient ou suite à des essais d’élimination. L’information peut donc effectivement être utile et nous
considèrerons sa disponibilité comme un critère de qualité, sans toutefois la retenir comme un critère
prépondérant.
Durée du traitement
La durée du traitement fait en quelque sorte partie de la posologie. Elle n’est pas toujours connue et
peut être laissée à l’appréciation du médecin. Mais une information de caractère général est
certainement utile. Par exemple, pour le traitement de la dépression, certains sites mentionnent
clairement que l’action du médicament pourra demander plusieurs semaines avant de se faire sentir
et qu’un traitement efficace devrait être poursuivi pour une période minimale de X mois. Dans le cas
de certains médicaments (par ex. pour l’arthrite), le site devrait informer le consommateur que le
traitement devra probablement être poursuivi pour le reste de leur vie.
Informations générales
Identification du promoteur du site
Dans les sites de promotion des médicaments, les compagnies pharmaceutiques s’identifient très
clairement comme source de l’information-promotion proposée. Dans les sites thématiques ou
associatifs, il arrive que l’on mentionne que la mise sur pied du site est rendue possible par une
subvention « sans restriction » (unrestricted) de la part d’une compagnie pharmaceutique, ce qui
veut dire, en théorie, que la subvention est versée à l’association sans droit de regard du
commanditaire sur les contenus et orientations du site. Voilà une allégation difficile à vérifier, mais du
moins, la source de financement du site est-elle dévoilée ouvertement. En règle générale, nous
considèrerons la mention du promoteur du site comme un facteur de qualité.
Allégation comparative
Lorsque des résultats d’essais cliniques sont présentés dans la monographie d’un produit, ces
résultats sont généralement difficiles à interpréter puisqu’ils reflètent souvent des tendances ou des
analyses statistiques subtiles plutôt que des résultats immédiatement évidents. Au point que les
rapports finaux des études cliniques font généralement intervenir des statisticiens, parce que les
médecins chercheurs eux-mêmes ne savent pas interpréter de façon certaine leurs résultats. Nous
considèrerons comme un critère de qualité le recours à des allégations comparatives à la fois
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 22 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité fondées et facilement interprétables par le public. Nous considèrerons comme un critère de faiblequalité le recours à des allégations comparatives peu probantes, ou expliquées de façondifficilement interprétable.
Ingrédients
L’ingrédient actif d’un médicament sous prescription est généralement composé d’une seule
molécule, ou encore d’une souche bactérienne antibiotique. Les ingrédients non thérapeutiques sont
généralement cités pour mettre en garde les victimes d’éventuelles allergies. Nous considèrerons
comme un critère de qualité la disponibilité facile de l’info sur les ingrédients.
Entreposage
Si des directives spéciales s’appliquent à l’entreposage ou à la péremption des médicaments, le site
promotionnel devrait en faire mention. Si l’information est absente, cela n’exclut pas qu’elle pourra se
trouver associée à l’emballage ou être fournie par le pharmacien.
Approbation d’une autorité réglementaire
On doit supposer qu’un médicament qui fait l’objet de publicité sur Internet reçu la caution de la Food
and Drug Administration. Sauf cas particulier, on ne doit pas s’attendre à ce qu’une information
implicite de cet ordre soit fournie aux premiers niveaux d’un site.
Organisme indépendant
Les sites font systématiquement référence au rôle de la consultation du médecin dans le processus
de décision à l’égard de l’adoption d’un nouveau traitement. Comme consommateurs et internautes,
nous avons la possibilité de trouver les sites thématiques, institutionnels, associatifs, qui constituent
des sources d’information indépendantes. Nous avons trouvé des exemples de sites promotionnels
qui invitent carrément les internautes à recourir à des sources d’information autres que celles qui
sont proposées par le fabricant. C’est le cas de site portant sur des conditions psychiatriques dont
l’étiologie est complexe ou multiforme. On pourrait probablement y voir la prudence d’un service du
contentieux qui ne souhaite pas porter la responsabilité d’être identifié comme source d’information
unique d’un consommateur. Disons qu’en règle générale, jusqu’à ce que nous ayons vérifié
l’applicabilité du critère, nous considèrerons que la référence vers de tels sites indépendants
susceptibles de nous informer sur un médicament donné constitue un critère de qualité.
À cette série de critères élaborés par l’OMS et Consumers International, nous avons souhaité ajouterune série de critères qui ne portent pas tant sur le contenu d’information « objectif » d’un site donné,que sur les ressorts publicitaires utilisés.
Critères liés aux aspects publicitaires et promotionnels des sites
Promotions
Certains sites offrent carrément des promotions pour l’essai des produits : Free 7 days trial offer,
$10 discount on your first buy, etc. On peut questionner le bon jugement d’une entreprise qui, du
même souffle, vous propose d’entreprendre un traitement qui vous coûtera 100$ ou 300$ par mois
pour le restant de vos jours et vous offre un rabais de 10$ « pour faire l’essai » du traitement
annoncé, un essai qui ne couvrira probablement même pas la période nécessaire pour que l’effet du
médicament commence à se faire sentir. La présence de telles offres témoigne d’un manque de
respect flagrant des consommateurs; elle sera relevée et considérée comme un critère de piètre
qualité de l’information aux consommateurs.
Ressorts émotifs
En général, les sites de promotion s’abstiennent de recourir à des slogans ou des prétentions à
caractère superlatif. D’autre part, le recours à des leviers émotifs ou autrement manipulateurs sera
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 23 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité considéré comme un critère de piètre qualité de l’information aux consommateurs. Ex : Allergies cantake the fun out of your child’s day. In fact, allergies can really disrupt your child’s life. (site Zyrtec) Banalisation
L’approche publicitaire tend à banaliser la consommation de médicaments, sans discuter de façon
équilibrée d’alternatives non médicales. Nous considèrerons la banalisation de la consommation
comme un critère de piètre qualité de l’information aux consommateurs.
Mécanismes
d’interaction
commerciale,
d’information
consommateurs, d’empiètement sur la vie privée
Beaucoup de sites demandent aux consommateurs de s’identifier pour pouvoir profiter d’une
promotion, ou même simplement pour permettre de recevoir des informations supplémentaires. Dans
certains cas, en particulier face à des conditions chroniques permanentes, les consommateurs se
voient proposer d’adhérer à un « programme », une espèce de club qui offrira conseils et soutien,
voire même une interaction personnalisée. En jargon de marketing, on appelle de telles propositions
des mécanismes d’identification ou de fidélisation. Une proposition de gagner des kilomètres aériens
à l’épicerie porte assez peu à conséquence; mais est-il bien nécessaire d’assortir votre dépendance
à un médicament d’un programme de fidélisation?
À l’égard de ces mécanismes qui recueillent des informations sur les consommateurs, on connaît lacapacité des entreprises de mise en marché d’utiliser des bases de données pour raffiner leuranalyse des marchés et leurs offres ciblées aux consommateurs. Or l’information fournie dans lecadre d’un site à caractère médical est nettement sensible en regard de la protection de la vie privée.
Les sites promotionnels ont généralement une déclaration de principe à l’égard de la protection de lavie privée, mais le simple fait de recueillir une demande d’information au sujet d’une affection critiquecomme, par exemple, la dépression, par le biais d’un mécanisme où le consommateur s’identifie parson nom et une adresse courriel constitue une brèche indésirable dans la protection de la vie privée.
À un autre niveau, l’utilisation des cookies permet, par exemple, d’acheminer une offrepromotionnelle à un prospect alors qu’il ne se trouve plus dans le site de la compagniepharmaceutique. Les cookies permettent en outre de recouper les caractéristiques d’une navigation(pages visitées, réponses à un questionnaire d’auto-diagnostic) avec les informationspersonnalisées qui peuvent être obtenues d’un consommateur à l’occasion d’une promotion, d’uneoffre de membership, d’un concours « gratuit ».
On doit présumer que les sociétés pharmaceutiques adhèrent à leurs codes d’éthique affichés enmatière de protection de la vie privée; toutefois, compte tenu du caractère critique de l’information àportée médicale, la navigation à la recherche d’information sur les maladies et les médicamentsdevrait pouvoir s’effectuer dans des conditions de confidentialité absolue. Nous relèverons donc lesmécanismes de cueillette d’information mis en œuvre dans divers sites afin de juger des possiblesatteintes à la confidentialité.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 24 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité LES NAVIGATIONS
Les sites de promotion-information : constatations générales
Les sites faisant la promotion de médicaments d’ordonnance adoptent la plupart du temps un URL
formé comme suit : www.marque-de-commerce.com.
Ils véhiculent une information généralement exhaustive, une exhaustivité marquée au sceau de la
prudence des sociétés pharmaceutiques qui connaissent les responsabilités associées à la
promotion de leurs produits.
Ce déploiement tend à satisfaire aux obligations réglementaires (la Food and Drug Administration,FDA, surveille la publicité des médicaments d’ordonnance) plus qu’à assurer une informationéquilibrée; cela se traduit dans la qualité générale du site, que nous évaluerons en détail plus loin.
Efficacité publicitaire
On constate que les sites faisant la promotion de médicaments d’ordonnance constituent un véhicule
publicitaire très efficace, et ce en fonction de plusieurs facteurs :
• ils répondent d’emblée aux questions les plus urgentes des clientèles-cibles qui les visitent : pharmaceutiques démontrent leur connaissance et leur compréhension des groupes socio-démographique qu’elles ciblent en rapport avec diverses conditions.
• ils adoptent souvent une stratégie de dévoilement de l’information analogue à celle utilisée dans les « infomerciaux » télévisés : s’y retrouvent en effet pêle-mêle des informations objectives etdes témoignages et affirmations à caractère émotif : Allergies can take the fun out of your child'sday. In fact, allergies can really disrupt your child's life. (Site Zyrtec.com).
• encore à la façon des infomerciaux, les objections des consommateurs sont souvent prévues, et une réponse est fournie immédiatement. Par exemple : WELLBUTRIN XL has a low risk of sexualside effects. (Site WellbutrinXL.com — Wellbutrin est prescrit dans le traitement de ladépression).
• la plupart des sites de promotion exploités par les compagnies pharmaceutiques sont inattaquables au plan des exigences réglementaires de la FDA; par exemple, si la FDA exigequ’on énumère les effets secondaires, le site fournira une liste exhaustive d’effets secondairespossibles, y compris ceux dont la fréquence statistique est insignifiante. La même prudences’exerce quand il s’agit de mettre le public en garde contre les interactions médicamenteuses. Parexemple, dans le site Zoloft.com, on trouve sur chaque page la mention suivante: Be sure to tellyour doctor what medicines you are taking. If you are taking a monoamine oxidase inhibitor(MAOI) or pimozide, you should not take Zoloft. If you are not sure, ask your doctor if you aretaking either of these medicines. (Zoloft est prescrit dans le traitement de la dépression, dudésordre obsessif compulsif, du choc post-traumatique, du désordre de phobie sociale, dudésordre panique).
• en fait, pour s’assurer de satisfaire aux exigences réglementaires, certains sites vont jusqu’à fournir, à un niveau rapidement accessible, la monographie complète du médicament, c’est-à-direle même document qui sert à informer les médecins de la posologie, de la pharmacodynamique(temps d’absorption et d’élimination) des effets secondaires, des interactions, des contre-indications, etc. Typiquement, une monographie peut remplir entre 20 et 40 pages et ne constituepas une information interprétable par le public profane. Ex : [Paxil] is the hydrochloride salt of aphenylpiperidine compound identified chemically as (-)-trans-4R-(4'-fluorophenyl)-3S-[(3',4'-methylenedioxyphenoxy) methyl] piperidine hydrochloride hemihydrate (Monographie Paxil danssite Paxil.com). Dans le même ordre d’idées, les monographies citent souvent les résultatsspécifiques des essais cliniques qui ont servi à démontrer l’efficacité comparative (par rapport àdes traitements existants) des médicaments, mais encore une fois, l’analyse statistique desessais cliniques ne constitue pas une information interprétable par le public profane.
• pour les médicaments qui présentent des risques importants (par exemple Accutane, qui comporte, entre autres, des risques majeurs au plan de la thératogénicité et de la suicidalité), le Union des consommateurs, 2003-2004, p. 25 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité site n’adopte pas d’attitude « promotionnelle » et se contente de livrer une information objective,généralement plus insistante sur les mises en garde.
• le plus souvent, les sites visent à créer un climat de sérénité, de confiance. Les couleurs pastels y sont privilégiées et, évidemment, tous les figurants ont l’air en parfaite santé. On ne peut exigerdes compagnies qu’elles se censurent sur le traitement esthétique des sites, mais l’intention derassurer et de réconforter les consommateurs par le choix du climat ainsi créé est évidente.
• les sites répondent à l’obligation qui leur est faite par la FDA de mentionner l’existence d’alternatives à la thérapie médicamenteuse, mais la rédaction laisse souvent entendre que « siun régime de vie sain peut éventuellement vous aider, notre médicament vous apporte un résultatgaranti » (des exemples spécifiques seront fournis lors de la discussion détaillée par critères).
• selon les conditions médicales visées, les sites fournissent des explications sur les causes, les conséquences et le « mode d’action » des maladies, mais la vulgarisation ou la simplification ades limites. En général, les explications fournies sont « de qualité », c’est-à-dire (pour les fins quinous occupent ici) susceptibles d’aider un patient à mieux comprendre certains aspects de samaladie. Des phénomènes comme l’arthrite peuvent prendre des dizaines de formes différentes.
Des conditions comme la dépression se manifestent selon des étiologies très diversifiées. Danschaque cas, le site va traiter d’une forme aigüe ou chronique de la maladie, conforme auxconditions pour lesquelles il existe de plus fortes probabilités qu’un médecin produise uneprescription.
• la plupart des sites évitent le piège du ton « promotionnel » dans leur traitement de l’information.
Autrement dit, les promoteurs ne veulent pas qu’on associe les sites à une vitrine publicitaire,mais bien à une démarche sérieuse d’information du public. Certains sites s’établissent d’embléeavec une « mission de service » : Getting Started on CELEBREX is intended for people whohave been prescribed CELEBREX by their healthcare professional. (site Celebrex, médicamentprescrit contre les douleurs arthritiques) Les sites de promotion-information
Analyse de sites typiques à partir de la grille des critères Le nom de la condition ou le nom de la maladie
Les sites de promotion-information identifient avec grande précision la ou les conditions auxquels le
médicament est destiné à apporter un soulagement. Sur la page d’accueil du site Zoloft.com, 5
conditions sont identifiées d’emblée, qui appelleront chacune une navigation spécifique : depression,
social anxiety disorder, posttraumatic stress disorder, panic disorder, obsessive-compulsive
disorder
. Pour chacune de ces conditions diverses ressources explicatives sont fournies, dont des
quiz d’auto-diagnostic, invitant l’internaute à interroger son médecin.
Dans le cas de conditions moins connues ou moins documentées, une définition élaborée peutparfois être fournie. Par exemple, si l’on prend l’exemple du Social Anxiety Disorder, voici ladéfinition utilisée : • Social anxiety disorder is characterized by a marked and persistent fear of 1 or more social or performance situations in which the person is exposed to unfamiliar people or to possiblescrutiny by others. Exposure to the feared situation almost invariably provokes anxiety,which may approach the intensity of a panic attack. The feared situations are avoided orendured with intense anxiety or distress. The avoidance, anxious anticipation, or distress inthe feared situation(s) interferes significantly with the person's normal routine, occupationalor academic functioning, or social activities or relationships, or there is marked distress abouthaving the phobias. Lesser degrees of performance anxiety or shyness generally do notrequire psychopharmacological treatment. (Site Zoloft) On constate, à la lecture de la dernière phrase, que le fabricant ne souhaite pas que le médicamentsoit utilisé pour intervenir sur un simple problème de timidité. D’autre part, les risques associés enparticulier aux interactions médicamenteuses dans le cas de ce médicament laissent clairement Union des consommateurs, 2003-2004, p. 26 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité entendre que le fabricant ne souhaite pas que le médicament soit prescrit à la légère, comme un« lifestyle drug ». Pour une faible proportion des patients, l’utilisation du médicament peut entraînerdes comportements suicidaires, ce qui, encore une fois, a pour effet certain d’inciter le fabricant àexercer beaucoup de prudence dans la promotion de son produit.
Mentionnons que le Social Anxiety Disorder est une condition dont l’industrie pharmaceutique fait« la promotion » par des annonces dans les magazines et à la télévision : ces annonces sontdramatiques, angoissantes, et mettent en scène certains des symptômes énumérés ci-dessus. C’estun comportement publicitaire qui est reproché à l’industrie (a-t-on besoin de faire la publicité d’undésordre psychiatrique ?); l’industrie répond que les personnes qui souffrent d’une anxiété aussiaiguë sans savoir qu’un traitement pourrait leur apporter du soulagement ont le droit d’être informéesde l’existence d’un tel traitement.
Les symptômes, signes précurseurs, facteurs de risque, etc.
Dans les sites de promotion-info, l’effort de vulgarisation de l’étiologie d’une condition est
généralement assez bien fait. Les sites de vente directe ne prennnent pas la peine de fournir ces
explications. Pour chacune des conditions suivantes, nous avons trouvé des explications assez
complètes : arthrite, cholestérolémie, acné, allergies (et plus précisément allergies saisonnières de
type « rhume des foins ») dépression (et autres désordres mentaux comme le désordre bipolaire, le
désordre obsessif compulsif, le choc post-traumatique, le désordre de phobie sociale, le désordre
panique).
Par exemple :Signs and Symptoms of Depression • loss of interest or pleasure in most activities And is accompanied by some of the following symptoms: • Restlessness or decreased activity that is noticeable to others • Loss of energy or feeling tired all the time • Difficulty in concentrating or making decisions • Feelings of worthlessness or inappropriate guilt • Recurrent thoughts of death or suicide For a doctor to make a diagnosis of depression, these symptoms must have lasted at least 2 weeks,and be troublesome enough to cause a person distress or interfere with work, social life, or dailyfunctioning. (tiré de : www.zoloft.com [Pfizer] Comme on peut le constater, l’information est livrée dans un langage abordable, sans être simpliste.
L’information sur la prévalence
L’information sur la prévalence n’est jamais discutée sinon dans des énoncés très généraux :
Depression is a common condition affecting approximately 16 million people in the United States in
any given year. (Site Paxil17)
C’est une information difficile à compiler et à interpréter, qui relève de l’épidémiologie, une science encroissance rapide ces dernières années, compte tenu des impacts majeurs qu’auront certaines 17 Quand nous mentionnons simplement le nom d’un site, c’est que l’URL du site de promotion est simplement forméselon le modèle . Par contre, nous n’avons pas souhaité donner la référence des pages spécifiques dont sont tirées les citations, dont l’URL est souvent très long.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 27 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité affections tant pour le secteur public que pour le secteur privé (investissements du secteurpharmaceutique, assurances, développement éventuel d’un secteur privé des soins de santé).
Par contre, le site Celebrex offre sur la page d’accueil la mention suivante : Congratulations—you'vejoined the 20 million people who have taken CELEBREX, the #1 doctor-prescribed brand of arthritismedication. Que représentent ces 20 millions de personnes ? Des usagers réguliers du produit, desusagers occasionnels, tous les gens qui ont essayé le produit au moins une fois ? Il est certain quel’affirmation telle qu’elle est formulée a tendance à dédramatiser l’utilisation du médicament. Autreexemple: What do 18 millions Americans have in common ? Lipitor Quand certaines informations sur la prévalence peuvent contribuer à aider des patients à« accepter » une condition qui fait l’objet d’un tabou social, ces informations sont utilisées sanshésitation: • More people suffer from depression than you might think. Depression strikes people of all ages, backgrounds, and ethnic groups. It is estimated that about 20 million adults in the U.S. suffer fromdepression each year, and that up to 25% of all women and up to 12% of all men in the U.S. willexperience an episode of major depression some time in their lives. About 1 out of 6 Americanadults have depression during their lifetimes. (tiré de : www.zoloft.com [Pfizer]) Vulgarisation des causes, facteurs concomitants, etc.
Selon les affections en cause, les sites fournissent des explications plus ou moins élaborées sur les
causes et origines des diverses conditions médicales.
Par exemple, une explication portant sur la différence entre les lipoprotéines de faible densité (ouLDL, d'après l'anglais Low Density Lipoproteins, c’est le « mauvais cholestérol ») et les lipoprotéinesde haute densité (le « bon cholestérol ») introduit le mode d’action du Lipitor : il empêche, à ladigestion, l’absorption par le foie des lipoprotéines à basse densité; le foie va donc retirer du sangles LDL dont il a besoin.
Quand une explication portant sur des mécanismes métaboliques ou endocriniens identifiables estdisponible, le site s’en satisfera souvent. C’est ce que l’on observe dans le cas de la dépression (lacause est un déficit en sérotonine). Le site ne s’aventure toutefois pas à en attribuer l’origine à unecause unique : • The exact cause of depression is not clear. No one is sure why some people get depressed and others do not. Sometimes, depression seems to happen because of a stressful event.
Sometimes it seems to happen for no reason at all.
Genes may play a role. People whose blood relatives have had depression are more likely tohave it, too. However, not everyone who has a relative with depression is going to develop it.
Today, it is widely recognized that depression is a medical condition that may be associated withan imbalance in the delicate chemistry of the brain. If this imbalance occurs, it can affect the waypeople feel and the way they see the world. It is thought not having enough of a brain chemicalcalled serotonin may play a role in depression. (nous soulignons) (site Zoloft — Pfizer) Cette explication on ne peut plus prudente introduit une démonstration du mode d’action desinhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ISRS (selective serotonin reuptake inhibitors— SSRIs), molécules dont le mode d’action n’est à ce jour pas complètement compris. Les SSRIssont efficaces contre une série de conditions (voir liste ci-dessus).
En général, les sites de promo-information fournissent une explication de base des causes les pluscourantes d’une condition donnée mais ne s’engagent pas dans une discussion détaillée. Danscertains cas, les internautes sont invités à visiter d’autres sources d’information (c.-à-d. des sites Union des consommateurs, 2003-2004, p. 28 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité associatifs ou encyclopédiques) pour obtenir une information plus complète sur la maladie et sescauses.
Les alternatives au traitement
On peut s’attendre à ce que les sites de promotion n’insistent pas sur les traitements alternatifs au
traitement médicamenteux proposé par le fabricant. Et effectivement, ils ne le font pas de façon très
élaborée.
Le site Lipitor (contrôle du cholestérol) évoque la nécessité d’une diète spécifique et les bienfaitséventuels de l’activité physique. Un rappel est fait sur chaque page : Lipitor (Atorvastatin calcium) isa prescription drug. It is used with a low-fat diet to lower cholesterol. De plus, le site contient unguide alimentaire complet, une discussion de la nécessité de l’activité physique, etc.
De même, le site Celebrex (médicament contre l’arthrite) évoque les bienfaits de l’activité physique etde certains choix alimentaires, sans élaborer, conseillant plutôt aux internautes d’en parler à leurmédecin. On doit comprendre que ces mentions du rôle de l’exercice et de la diète tiennent, encoreune fois, aux obligations réglementaires imposées par la FDA, ou encore qu’elles sont lesmanifestations de la prudence des conseillers juridiques de la compagnie pharmaceutique.
Un site présentant une forme générique d’Accutane (Oratane) aborde les patients comme suit : • Your dermatologist has probably prescribed Oratane for you because other treatments for your • You probably haven’t been prescribed Oratane earlier because it is considered to be a good idea to try other treatments, such as creams and antibiotics, for your acne first.
Comme observé ailleurs, les risques associés à l’utilisation des produits similaires à l’Accutane fontque les fabricants souhaitent qu’on ne perçoivent jamais le message de leur site comme faisant lapromotion du produit Le site Zyrtec (prescrit pour le traitement des allergies, produit par Pfizer) sous la rubrique « Yourtreatment options » consacre une page à chacun des traitements suivants : antihistaminiques,décongestionnants, corticostéroïdes, et injections de désensibilisations aux allergies. Un des rôlesde cette présentation des alternatives de traitement est sans doute de mettre en valeur le fait queZyrtec contient deux ingrédients actifs, à savoir un décongestionnant et un antihistaminique. Plusloin, sous la rubrique « Allergy tips », on trouve, dans un emballage graphique de type bandedessinée des conseils comme interdire au chien de venir dans la chambre, ne pas faire sécher lesvêtements et la literie sur la corde pour éviter qu’ils ramassent du pollen. etc.
À notre avis, cette « information légère » a sa place dans l’information aux consommateurs, maisdans un site qui fait la promotion d’un médicament, elle contribue à renforcer le caractère« infomercial » de la communication.
Évidemment, on ne trouve pas parmi les sites de promotion de médicaments de sites quirecommanderaient des solutions excluant complètement les médicaments. Par contre, dans Google,des sites proposant des traitements alternatifs (par ex. : médicaments naturopathiques) sortentsouvent parmi les premiers en réponse à un mot clé identifiant une condition médicale.
Par exemple, dans Google, en réponse au mot-clé « arthritis », tous les premiers liens mènent à dessites à caractère encyclopédique ou associatifs, mais la première publicité, en haut à gaucheannonce : Arthrite? Arrêtez la douleur et amène au site www.activexamerica.com, où l’on proposeSynflex, un mélange de glucosamine, chondroïtine, etc. disponible sans prescription.
Dans les sites encyclopédiques ou associatifs, on s’attend à trouver une présentation plus équilibréedes diverses approches de traitement disponibles pour une condition donnée.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 29 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité Les effets secondaires
Les effets secondaires composent une partie non négligeable des monographies de médicaments. Il
y a lieu de distinguer les effets secondaires courants ou généralisés, susceptibles d’affecter à des
degrés divers une proportion importantes des usagers d’un médicament, et les effets secondaires
rares, qui ne toucheront que quelques individus parmi des centaines ou des milliers.
Quand des effets secondaires bénins (nausées, sécheresse de la bouche, inconforts mineurs) sontusités, les sites les mentionnent évidemment. Dans le site Zyrtec (anti-histaminique combiné à undécongestionnant prescrit pour le traitement des allergies, produit par Pfizer), cette information estdisponible sur la page d’accueil et sur chacune des pages du site : • In Zyrtec studies, side effects were mild or moderate, including drowsiness, fatigue and dry mouth in adults, and drowsiness, headache, sore throat and stomach pain in children.
Drowsiness occurred in between 11% and 14% in adults, depending on dose, compared to 6%taking placebo. In children, drowsiness occurred in between 2% and 4%, depending on dose,compared to 1% taking placebo.
In Zyrtec studies with infants 6 to 23 months old, side effects overall were similar to placebo andincluded irritability/fussiness, insomnia, fatigue and malaise. [.] Cette information est complétée de mises en garde sur les contre-indications et les interactionsmédicamenteuses. Le tout est assorti d’un déclinaison de responsabilité formulée comme suit : • The health information contained herein is provided for educational purposes only and is not intended to replace discussions with a health care provider. All decisions regarding patient caremust be made with a health care provider, considering the unique characteristics of patients.
Nous avions défini comme critère de qualité l’adéquation entre l’information disponible au grand publicet celle fournie aux professionnels de la santé. Comme mentionné en 4.2.2, dans les monographies,on préfère citer tous les effets secondaires imaginables, plutôt que de risquer d’en oublier un.
• The following events were observed infrequently (less than 2%), in either 3982 adults and children 12 years and older or in 659 pediatric patients aged 6 to 11 years who receivedZYRTEC in U.S. trials, including an open adult study of six months duration. A causal relationshipof these infrequent events with ZYRTEC administration has not been established.
Autonomic Nervous System: anorexia, flushing, increased salivation, urinary retention.
Cardiovascular: cardiac failure, hypertension, palpitation, tachycardia.
Central and Peripheral Nervous Systems: abnormal coordination, ataxia, confusion,
dysphonia, hyperesthesia, hyperkinesia, hypertonia, hypoesthesia, leg cramps, migraine,
myelitis, paralysis, paresthesia, ptosis, syncope, tremor, twitching, vertigo, visual field defect.
Gastrointestinal: abnormal hepatic function, aggravated tooth caries, constipation, dyspepsia,
eructation, flatulence, gastritis, hemorrhoids, increased appetite, melena, rectal hemorrhage,
stomatitis including ulcerative stomatitis, tongue discoloration, tongue edema. [.]
Occasional instances of transient, reversible hepatic transaminase elevations have occurredduring cetirizine therapy. Hepatitis with significant transaminase elevation and elevated bilirubin inassociation with the use of ZYRTEC has been reported.
Union des consommateurs, 2003-2004, p. 30 Publicité directe des médicaments d’ordonnance : protéger les Canadiens avec une information de qualité Post-Marketing Experience
In the post-marketing period, the following additional rare, but potentially severe adverse eventshave been reported: aggressive reaction, anaphylaxis, cholestasis, convulsions, glomerulonephritis,hallucinations, hemolytic anemia, hepatitis, orofacial dyskinesia, severe hypotension, stillbirth,suicidal ideation, suicide and thrombocytopenia.
Cette information (qui n’est pas citée intégralement ici) est offerte dans une fenêtre qui s’ouvre enavant de la page d’accueil : « uspi.zyrtec.pdf » présente une monographie médicale complète duproduit sur 15 pages, avec toutes les contre-indications, interactions, phamacodynamique (temps demétabolisation et d’élimination, etc.) essais cliniques en double aveugle avec placebo, etc. C’est ceque le fabricant appelle la « prescribing information », qui est distribuée aux médecins.
L’interprétation de la fiche médicale n’est pas à la portée des profanes.
On peut critiquer la diffusion de telle information auprès du grand public dans la mesure où elle peutentraîner, chez les hypocondriaques, des consultations sans fin sur les effets secondaires d’untraitement donné. Par contre, toute personne qui envisage de recourir au médicament et quiconnaîtrait sa prédisposition ou sa vulnérabilité à l’un des effets énumérés pourra décider avec unemeilleure connaissance des risques.
Même si l’on s’en tient à l’énumération des effets secondaires « bénins », on se retrouve parfoisavec une liste impressionnante. Par exemple, pour Wellbutrin (antidépresseur) : • Most common side effects with Wellbutrin XL
As with all antidepressants, you may experience side effects when you take WELLBUTRIN XL,especially shortly after you start treatment. The most common side effects of WELLBUTRIN XLare weight loss, loss of appetite, dry mouth, skin rash, sweating, ringing in the ears, shakiness,stomach pain, agitation, anxiety, dizziness, trouble sleeping, muscle pain, nausea, fast heartbeat,sore throat, and urinating more often. If you have nausea, take WELLBUTRIN XL with food. If youhave trouble sleeping, take WELLBUTRIN XL in the morning. Do not change your dose or stoptaking WELLBUTRIN XL without talking to your doctor. For additional safety information, click onSafety Information for Patients on the left side of the homepage or on the link to the completePrescribing Information at the bottom of the homepage.
Observons maintenant un autre procédé. Le site Wellbutrin (antidépresseur ISRS) utilise bien en vuesur la page d’accueil, parmi les arguments principaux en faveur du médicament, la question deseffets secondaires, sous la forme de l‘affirmation suivante : WELLBUTRIN XL effectively treatsdepression with A LOW RISK OF SEXUAL SIDE EFFECTS. En suivant le lien en question, on obtientl’explication suivante : • Many people with depression have concerns about changes in sexual functioning. If you have

Source: http://uniondesconsommateurs.ca/docu/sante/00-medicaments.pdf

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What’s new in blood pressure measurement? A workshop ofthe European Society of HypertensionEoin O’BrienBlood Pressure Monitoring 2004, 9:281–282Received 4 October 2004 Accepted 4 October 2004Chairman of the European Society of Hypertension Working Group on BloodPressure Monitoring. A workshop on what’s new in blood pressure measure-range from a low of 8% to a high of 49%, and that ABP

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