Neurologie Mise au point Octobre 2011 SYNTHÈSE D’AVIS DE LA COMMISSION DE LA TRANSPARENCE
ARICEPT (donépézil), EXELON (rivastigmine), REMINYL (galantamine),
médicaments du traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer Un intérêt thérapeutique faible L’essentiel
Quatre médicaments ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement symptomatique
– trois inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (IAChE) : ARICEPT (donépézil), REMINYL / REMINYL LP
(galantamine) et EXELON (rivastigmine) ont une AMM dans les formes « légères à modérément sévères »,
– un antagoniste des récepteurs NMDA : EBIXA (mémantine) a une AMM dans les formes « modérées à
Leur ef icacité est au mieux modeste et de pertinence clinique discutable. Elle a été démontrée essentiel-
lement sur la cognition et les activités de la vie quotidienne. Aucun impact n’a été démontré sur le délai
d’entrée en institution, la qualité de vie ou la morbi-mortalité.
Ils peuvent entrainer des ef ets indésirables digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques pouvant
nécessiter leur arrêt. Il existe aussi un risque d’interactions médicamenteuses, notamment avec les
L’intérêt thérapeutique des médicaments de la maladie d’Alzheimer doit être considéré comme faible. Néan-
moins, dans le souci de ne pas priver les patients répondeurs (impossibles à identifier a priori) d’un éven-
tuel bénéfice clinique à court terme, il reste suffisant pour leur prise en charge par la solidarité nationale.
En l’absence de donnée clinique à long terme, l’utilisation de ces médicaments doit faire l’objet d’une ré-
évaluation at entive à un an, au cas par cas. La pertinence de la poursuite du traitement au delà d’un an
ne sera décidée qu’après une réunion de concertation pluridisciplinaire.
En l’absence de donnée clinique solide sur l’ef et à long terme de ces médicaments et en raison de l’incertitude sur la
pertinence des ef ets cliniques et du risque d’ef ets indésirables graves, leur prescription ne repose que sur des consi-
dérations de très faible niveau de preuve.
– Au stade léger de la maladie, on peut utiliser un inhibiteur de l’acétylcholinestérase (IAChE) : donépézil, galantamine
– Aux stades modéré et modérément sévère, on peut utiliser un IAChE (sans privilégier l’un plutôt qu’un autre). Dans
ces formes, les IAChE représentent une alternative à la prescription de la mémantine.
L’intérêt d’administrer la rivastigmine sous forme de dispositif transdermique par rapport à la voie orale est discutable,
en raison d’un risque de mésusage dont les conséquences peuvent être graves.
– Au stade sévère, seule la mémantine a l’AMM, mais son bénéfice clinique at endu est très limité.
– L’intérêt d’associer deux IAChE ou un IAChE à la mémantine n’est pas démontré. Au delà de 6 mois de traitement, si le patient a at eint les objectifs fixés (stabilisation ou ralentissement du déclin cog-
nitif par exemple) et en l’absence d’ef et indésirable grave et/ou altérant la qualité de vie, le traitement pourra être pour-
suivi jusqu’à six mois supplémentaires.
Si l’ef icacité à 1 an a été maintenue, la poursuite du traitement peut être décidée, en concertation avec l’aidant et, si
possible, avec le patient, à la suite d’une réunion pluridisciplinaire associant médecin traitant, gériatre et neurologue ou
psychiatre, en relation avec le réseau de soins prenant en charge le patient.
La prise en charge nécessite une coordination avec les acteurs sociaux, en particulier avec les aidants familiaux, dont
le rôle est essentiel. Elle exige des compétences spécifiques de la part des soignants, notamment pour réagir face aux
La prescription de psychotropes peut parfois être justifiée, pour une période aussi courte que possible.
Des traitements non médicamenteux (activité physique, stimulation, entrainement cognitif) sont aussi à envisager.
Les données cliniques ne permet ent pas de considérer qu’il existe une dif érence d’ef et entre les IAChE et la mé-
mantine, ni entre les dif érents IAChE, dans les indications de l’AMM.
Elles montrent une supériorité de ces médicaments par rapport au placebo, principalement documentée sur les trou-
bles cognitifs et les activités de la vie quotidienne, au bout de 6 mois de traitement. La tail e d’ef et est au mieux mo-
deste et de pertinence clinique discutable.
L’ef icacité reste insuf isamment documentée au-delà de 6 mois et n’est pas établie sur les critères cliniques majeurs
(notamment le retard à l’entrée en institution). Le risque de troubles digestifs (vomissements, diarrhée, hémorragies) parfois graves est établi. Des études pharmaco-
épidémiologiques ont montré un risque accru de bradycardie, de syncopes, de troubles neuropsychiatriques (léthargie,
hal ucinations, dépression, etc.) et d’interactions, en particulier avec les antipsychotiques, souvent co-prescrits.
Conditions particulières de prescription
Médicament soumis à prescription annuel e réservée aux médecins spécialistes en neurologie et en psychiatrie, aux
médecins spécialistes titulaires du diplôme d’études spécialisées complémentaires de gériatrie et aux médecins spé-
cialistes ou qualifiés en médecine générale titulaires de la capacité de gérontologie.
Médicament nécessitant une surveil ance particulière pendant le traitement.
Le service médical rendu* par ces quatre médicaments est faible. Ils n’apportent pas d’amélioration du service médical rendu** (ASMR V) dans le traitement symptomatique de la mala-
* Le service médical rendu par un médicament (SMR) correspond à son intérêt en fonction notamment de ses performances cliniques et de la
gravité de la maladie traitée. La Commission de la transparence de la HAS évalue le SMR, qui peut être important, modéré, faible, ou insuf isant pour
que le médicament soit pris en charge par la solidarité nationale.
** L’amélioration du service médical rendu (ASMR) correspond au progrès thérapeutique apporté par un médicament par rapport aux traitements exis-
tants. La Commission de la transparence de la HAS évalue le niveau d’ASMR, cotée de I, majeure, à IV, mineure. Une ASMR de niveau V (équiva-
lent de « pas d’ASMR ») signifie « absence de progrès thérapeutique ».
Ce document a été élaboré sur la base des avis de la Commission de la transparence du 19 octobre 2011
(CT-10649, 10676, 10677, 10755), disponibles sur www.has-sante.fr
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