Les effets néfastes de l'abus d'alcool furent connus
dès l'Antiquité. En Europe, l'extension de la culture
2-ENJEUX ECONOMIQUES ET
de la vigne alla de pair avec l'expansion du
POLITIQUES
christianisme. La production de boissons
alcoolisées s'est développée. Mais en raison des
conditions de production, de conservation et de
distribution, il est peu probable qu'aient pu se
développer des états alcooliques du type de ceux
que nous connaissons ; il s'agissait surtout
d'ivresse et on parlait d'ivrognerie. C'est à la fin du
XVlIle siècle et au début de la révolution industrielle
La France est toujours dans le peloton de tête!
du XlXe siècle que l'usage de l'alcool se répand
dans toutes les couches de la population.
En 1849, un médecin suédois, Magnus Huss,
observe que de nombreuses affections sont liées à
l'absorption excessive d'alcool et crée le mot
"alcoolisme". Ce n'est qu' après la Deuxième
Prévention, information restent d’actualité!
Guerre Mondiale que la notion d'alcoolisme-maladie
La pathologie alcoolique apparaît lorsque l'équilibre
1.5 à 2 millions de buveurs dépendants.
entre l'individu, le milieu où il vit et l'alcool se rompt.
8 millions de personnes vivent avec un buveur à risque ou dépendant.
DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
5 millions de français vivent de l'alcool.
1-ENJEUX SANITAIRES ET SOCIAUX
15% des malades hospitalisés en hôpital général
L'ALCOOL ET SON METABOLISME
10% des accidents de travail soit 70 000 par an.
Les boissons alcoolisées sont de deux types : les
produits fermentés sont obtenus par l'action de
30% des accidents mortels de la route soit 2600
levures sur un jus de fruit ou sur un moût, cette
réaction s’arrête à 16°, mais on peut augmenter la
teneur en alcool par distillation ; ce sont les eaux
35000 décès par an sont liés à l'alcool
dont 20000 directement soit 3.5% des décès.
1- QUE DEVIENT L'ALCOOL INGERE ?
Les cirrhoses et les psychoses alcooliques sont
responsables de 2.1% des décès (stat 1995).
L'alcool ingéré est absorbé au niveau du duodénum
et du jéjunum et arrive rapidement au foie par la
1/3 de cancers des voies aero digestives
veine porte. Une partie va commencer à être
supérieures. 1/3 de cirrhoses. 1/3 de " psychoses
métabolisée ; le reste va se répandre par la
circulation générale dans la quasi totalité des
tissus contenant de l'eau. Le taux maximum
d'alcool sanguin sera atteint une heure environ
après l'absorption, si celle-ci est isolée, puis va
Le réseau A.N.P.A. reçoit chaque année 15000
décroître lentement au fur et à mesure qu'il sera
nouveaux consultants, 1/3 sont sans emploi !
dégradé par les hépatocytes (-0,15g/litre par heure)
. 90 p. cent de l'alcool ingéré est éliminé par le foie
L’alcoolisation est l’action de boire de l’alcool, elle
; le reste est évacué dans l'air alvéolaire (dépistage
peut concerner tout le monde et n’implique pas
par éthylotest et éthylomètre), l'urine et la sueur.
2- LA MOLECULE D'ALCOOL OU
L’alcoolisme est une situation pathologique,
mettant en jeu des modifications du comportement
liées à l’alcool, des difficultés sociales et
Cette molécule (CH3-CH2OH) est métabolisée
psychologiques et une dimension médicale. La
notion de « maladie alcoolique » est un peu
réductrice, mais a l’avantage de ne pas être
l Elle subit une première transformation en
moralisatrice et est donc plus facile à accepter.
acétaldéhyde ou éthanal (CH3 CHO). Trois
systèmes enzymatiques peuvent intervenir:
- l'ALCOOL DESHYDROGENASE est l’enzyme
COMMENT APPREHENDER LE
principale ; elle met en jeu un coenzyme le NAD.
PATIENT ?
- le système du CYTOCHROME P-450 E1, qui
n'intervient pas ou peu normalement, se développe
1- A-T-IL UN PROBLEME D'ALCOOL ?
· Lorsque le patient consulte pour ce motif, il faut
- le CATALASE est une voie accessoire qui peut
penser que d'autres problèmes peuvent être
également se développer en cas d'intoxication
· S'il vient pour une autre raison, il faut savoir y
Ces deux dernières voies n'interviennent
penser devant des troubles du comportement
pratiquement pas chez un sujet consommant
(agressivité, difficultés relationnelles, conjugales ou
modérément mais peuvent métaboliser jusqu'à 40 p.
familiales), des problèmes professionnels
cent de l'alcool ingéré chez un consommateur
(inefficacité, licenciement), des accidents, des
régulier, ce qui est un des mécanismes
d'augmentation de la tolérance à l'alcool.
· Parfois c'est l'entourage qui fait la demande et il
l La seconde étape est la transformation de
va falloir apprécier la réalité du problème et savoir "
l'éthanal (composé très toxique) en acétate ou
qui demande quoi ?"
acide acétique (CH3 COOH) sous l'action de
l'aldéhyde deshydrogénase présente dans le
L'entretien.
cytoplasme et les mitochondries, faisant
On précisera les quantités d'alcool ingérées, le
rythme et le type de consommation (en groupe,
L'acétate va participer à la formation d'acétyl-
aux repas, au café, en solitaire) en sachant
coenzyme A et entrer dans différents systèmes
qu'arracher des "aveux" au malade est souvent
métaboliques: cycles de KREBS producteur
traumatisant et de peu d'intérêt médical, l'important
d'énergie, synthèse des acides gras et du
étant, non pas la quantité absolue ingérée, mais ce
cholestérol, synthèse des corps cétoniques.
que le sujet est capable ou non de supporter et
3- PROPRIETES GASTRONOMIQUES L'examen clinique. ET PSYCHOTROPES
Consommer de l'alcool est d'abord un plaisir, il
accompagne de nombreux moments de la vie et
- recherche de signes d'imprégnation : la grille de
Le Go permet de codifier ceux-ci en cotant de 1 à
L'alcool est désinhibiteur, anxiolytique,
De signes d’aspect : Etat du visage, des
antidépresseur, euphorisant, ce qui explique son
De tremblements : bouche, langue, extrémités.
4- ALCOOLISATION ET ALCOOLISME.
Le total permet d'établir un score de 0 à 30 auquel on ajoute la notion de complications nerveuses, de troubles digestifs ou moteurs cotés de * à ***, la
taille , la consistance du foie, le poids et la tension,
cette grille est également un bon élément de
•les ivresses pathologiques s'accompagnent de
troubles du comportement (actes de violence,
usage d'armes) ou de risques d'accident (conduite
Le bilan biologique.
Il permet souvent de préciser la situation et de
•Les troubles neurologiques graves ; l'épilepsie, le
fournir des arguments objectifs qui sont utiles pour
delirium-tremens, les encéphalopathies.
aborder un problème de consommation d' alcool
•Les décompensations de cirrhose en particulier
en cas d'hémorragie digestive .
-une alcoolémie en cas d'intoxication aiguë :
rappelons que l'alcoolémie maximum tolérée au
•Les dépressions graves avec risque suicidaire.
volant est de 0.50 g par litre de sang en France.
Être capable de conduire avec une alcoolémie
•En dehors de ces situations, l'urgence est surtout
élevée (supérieure à 1.50 ou 2 g/l de sang)
de réfléchiret de gagner la confiance du patient.
témoigne, le plus souvent, d’habitudes de
3- DE QUEL TYPE D'ALCOOLISATION S'AGIT IL ?
-Un bilan biologique standard souvent perturbé :
deux signes sont plus particulièrement recherchés.
Le premier contact.
-L’élévation du volume globulaire moyen (VGM):
Traditionnellement, en France, le premier contact
cette macrocytose s'accompagne ou non d'anémie
avec l’alcool se fait en famille autour de
et serait due à une carence en folates ou un
l’adolescence, à l’occasion d’une fête. Il s’agit d’une
sorte d’initiation dont les conditions peuvent
déterminer durablement les futures relations d’un
-L’élévation des gamma-glutamyl-transférases
sujet avec l’alcool. Toute banalisation du produit,
(gamma GT) ; ces enzymes, présentes dans le
son association à des notions de force, de virilité ou
rein, le pancréas et le foie, interviennent dans la
de santé, l’idée que boire c’est être adulte ou c’est
synthèse des protéines ; les valeurs usuelles sont
inférieures à 50 Ul chez l’homme, 40 Ul chez la
important sur la future relation d’un jeune avec
femme (les normes peuvent varier d’un laboratoire à
l’autre), leur taux s'élève en cas de souffrance
hépatique : intoxication alcoolique, hépatite
Parfois le premier contact a lieu plus tôt, soit en
(toxique ou virale), cirrhose, cancer du foie, ictère
raison d’habitudes familiales, soit dans le cadre
par obstruction, pneumopathie, mononucléose
d’une «transgression» en cachette des parents.
infectieuse, diabète, prise de phénobarbital ; ce n'est donc pas un signe spécifique de la
consommation excessive d'alcool ; c'est un
L'alcoolisatisation aiguë.
examen d'orientation qui prend toute sa valeur dans
un contexte clinique évocateur et un examen de
Il peut s'agir d'un sujet qui ne consomme pas
d'alcool de façon régulière ou d'un consommateur
régulier ayant consommé plus d'alcool que
-Un nouvel examen, le CD Tect est censé refléter la
consommation des trois dernières semaines, ce
dosage a été validé mais son interprétation reste
l L'ivresse simple se déroule en trois phases :
-La phase d'excitation psychomotrice : perte du
l Dans cette situation, il ne faut pas hésiter à
contrôle supérieur, libération des instincts,
« NOMMER L’ALCOOL ».
ralentissement du temps de réaction et du
2- Y A T- IL UNE SITUATION
-La phase d'incoordination et d'instabilité :
D'URGENCE ?
désorientation temporo-spatiale, troubles de
Il existe peu de situations d'urgence vraie en
l’équilibre, somnolence, troubles végétatifs parfois.
alcoologie, mais il faut savoir les reconnaître, elles
peuvent mettre en péril la vie du sujet ou de son
-La phase de coma (alcoolémie supérieure à 3
grammes) profond sans signe de localisation avec
abolition des réflexes ostéo-tendineux, diminution
individu a perdu la liberté de s'abstenir d'alcool ».
de la sensibilité et hypotonie ; les deux risques
principaux sont l'hypothermie et l'hypotension.
Sur le plan biologique, I'ivresse peut s'accompagner
Définitions du DSM IV.
d'hypoglycémie parfois grave, de déshydratation et
d'acidose. Il faut éliminer un delirium tremens, une
(Classification américaine des « maladies
encéphalopathie ou d'autres intoxications.
mentales » permettant de définir la relation à
l’alcool de façon claire et comparable quels que
soient le lieu et l’équipe soignante.)
l Les ivresses pathologiques :
-Ivresse hallucinatoire, souvent effrayante, le
Patient n'ayant jamais consommé d'alcool . ce
qui sera bien sûr rare en dehors de quelques
-Ivresse délirante: mégalomanie, jalousie,
Consommation contrôlée et modérée.
-Ivresse excito-motrice avec agitation désordonnée
et agressivite pouvant conduire à des actes médico-
Même commentaire que ci-dessus, cela pourra
concerner également quelques consultants pour
alcoolémie positive et des patients venant
l L'épilepsie où il faut distinguer :
-la prise d'alcool chez un malade épileptique,
soigné ou non, qui peut déclencher une crise.
A - Mode d' utilisation inadéquat d'une substance
-la survenue de crises d'épilepsie chez un patient
conduisant à une altération du fonctionnement ou à une
souffrance cliniquement significative, caractérisée par la
présence d'au moins une des manifestations suivantes
L’alcoolisation chronique.
• utilisation répétée d'une substance conduisant à
Il est très difficile de définir ce qu'est une
l'incapacité de remplir des obligations majeures, au
consommation excessive d'alcool ; les différentes
travail, à l'école ou à la maison (par exemple, absences
tentatives pour fixer une norme ont échoué.
répétées ou mauvaises performances au travail du fait
de l'utilisation de la substance, absences, exclusions
Cette maladie est évolutive, le facteur temps est
temporaires ou définitives de l'école, négligence des
‚ utilisation répétée d'une substance dans des
situations où cela peut être physiquement dangereux La tolérance.
(par exemple, lors de la conduite d'une voiture ou en
faisant fonctionner une machine alors qu'on est sous
C'est l'ensemble des éléments qui permet à un individu d'augmenter progressivement les doses d'alcool pour pouvoir continuer à en obtenir les
mêmes effets sans dommage apparent. Cette tolérance augmente progressivement chez le
consommateur à risque en raison de facteurs
ƒ problèmes judiciaires répétés liés à l'utilisation d'une
métaboliques neurochimiques et psychologiques.
substance (par exemple, arrestations pour comportement
anormal en rapport avec l'utilisation de la substance).
Deux définitions historiques de l’alcoolisme:
„ utilisation de la substance malgré des problèmes
- celle de Jellinek: « est alcoolique tout individu interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, dont la consommation de boissons alcooliques
causés ou exacerbés par les effets de la substance (par
peut nuire à lui-même ou à la société ou aux deux. »
exemple disputes avec le conjoint à propos des
conséquences de l'intoxication, bagarres).
- celle de Fouquet: « il y a alcoolisme lorsqu'un B - Les symptômes n'ont jamais atteint, pour cette
classe de substance, les critères de la Dépendance à -Sans dépendance physique : absence de tolérance ou de une substance.
sevrage (c'est à dire tant de l'item 1 que de l'item 2).
L'alcoolisme Féminin. Mode d'utilisation inadapté d'une substance conduisant
20 à 25 p. cent des malades alcooliques sont des
à une altération du fonctionnement ou une souffrance,
femmes ; elles consultent souvent plus tôt que les
cliniquement significative, caractérisé par la présence de
hommes, en raison d'une mauvaise acceptation
trois (ou plus) des manifestations suivantes, à un
sociale et de formes cliniques particulières. Sur le
moment quelconque d'une période continue de 12 mois :
plan physique, le poids moyen plus faible, la part
plus importante des lipides dans lesquels l'alcool
1) tolérance, définie par l'un des symptômes suivants :
ne diffuse pas, les facteurs hormonaux rendent les
femmes plus fragiles et les exposent à des
(a) besoin de quantités notablement plus fortes de la
complications somatiques plus précoces et plus
substance pour obtenir une intoxication ou l'effet
graves. Il s'agit, le plus souvent, d'alcoolisations
désiré.
irrégulières s'accompagnant de troubles de la
personnalité ; l'alcool est volontiers consommé au
(b) effet notabl ement diminué en cas d'utilisation
"goulot" sans intermédiaire avec le désir de
continue d'une même quantité de la substance.
combler un vide ; il s'agit souvent d'une attitude
d'autodestruction. Ces femmes vivent difficilement
2) sevrage caractérisé par l'une ou l'autre des
leur féminité, les relations conjugales et familiales
sont très perturbées ; il faut savoir y penser devant
des malaises inexpliqués, un désintérêt pour la
(a) syndrome de sevrage caractéristique de la substance
famille, le travail, des problèmes de fécondité, des
(b) la même substance (ou une substance très proche)
est prise pour soulager ou éviter les symptômes de L'alcool et la sexualité. sevrage.
Les malades alcooliques rencontrent souvent des
3) la substance est souvent prise en quantité plus
difficultés dans leur vie sexuelle. Il faut savoir
importante ou pendant une période plus prolongée
aborder ce sujet avec les patients, I'équilibre des
que prévu.
relations conjugales étant souvent une des
(4) il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux,
pour diminuer ou contrôler l'utilisation de la substance. -Chez l’homme, l'alcool par son action
désinhibitrice est souvent au départ un moyen de
(5) beaucoup de temps est passé à des activités
"se donner du courage", mais rapidement, il devient
nécessaires pour obtenir la substance (par exemple
le centre d'intérêt principal de leur vie. Par ailleurs,
fumer sans discontinuer), ou à récupérer de ses effets.
une consommation régulière d'alcool entraîne
souvent une diminution de la libido et une altération
des "performances" sexuelles. Il en résulte une
(6) des activités sociales, professionnelles ou de loisirs
sexualité impulsive, parfois brutale, sans échange
importantes sont abandonnées ou réduites à cause de
-Chez la femme alcoolique, la sexualité est
(7) l'utilisation de la substance est poursuivie bien
souvent mal acceptée et perçue avec dégoût,
que la personne sache avoir un problème psychologique
l’alcool est un moyen d’accepter des relations
ou physique persistant ou récurrent susceptible d'avoir
été causé ou exacerbé par la substance (par exemple,
poursuite de la prise de cocaïne bien que la personne
Les jeunes et l’alcool.
admette une dépression liée à la cocaïne, ou poursuite
de la prise de boissons alcoolisées bien que le suje t
Une société moderne doit prévoir son évolution et
reconnaisse l'aggravation d'un ulcère du fait de la
accompagner ses citoyens tout au long de leur vie.
Toute politique de santé doit s’appuyer sur une
bonne connaissance de la situation sanitaire des
-Avec dépendance physique : présence d'une tolérance
jeunes et promouvoir leur santé, afin de leur
ou d'un sevrage (c'est à dire des items 1 ou 2).
permettre d’entrer dans l’âge adulte dans les
comme étant l’apanage de l’état d’adulte, de la
virilité, de la force, de la fête, et les habitudes
familiales de consommation excessive risquent de
Une société moderne aux bases
fausser la future relation d’un jeune avec l’alcool et de lui donner un sentiment de « normalité » alors
traditionnelles.
que sa consommation entraîne déjà des risques.
L’usage des boissons alcoolisées fait depuis
Les « nouveaux alcooliques ».
plusieurs siècles partie des habitudes des français, les raisons en sont multiples :
Nous constatons qu 'un nombre de plus en plus
- Les conditions sanitaires ont longtemps été
important de sujets jeunes consultent les équipes
difficiles : l’eau des pluies, des sources ou des
des Centres d'Hygiène Alimentaire et d'Alcoologie
rivières n’était pas toujours potable et la
(C.H.A.A). Leurs modes d'alcoolisation sont assez
consommation de vin, de bière ou de cidre a été
différents des modèles traditionnels et posent de
un moyen d’échapper au « péril fécal ».
nouveaux problèmes, tant sur le plan diagnostique
- Un certain symbolisme mystique est associé à
l’usage du vin, qui représente, dans les religions
chrétiennes, le sang du Christ ce qui conditionne
La recherche d’une « défonce ».
très probablement fortement la perception de cette
boisson dans les pays occidentaux, en particuliers
15 % des nouveaux consultants des C.C.A.A de
l'Association Nationale de Prévention de
l’Alcoolisme (A.N.P.A) ont moins de 30 ans. Nous
- Dans un pays qui a érigé la table au niveau d’un
voyons apparaître des consultants sortant à peine
art et la gastronomie au niveau d’une culture, les
de l'adolescence, garçons ou filles, qui s'al-
boissons alcoolisées et leur usage symbolisent un
coolisent pour s'occuper. Il ne s'agit ni de la
certain « art de vivre » et comporte une indéniable
répétition d'un modèle parental, ni d'une réponse
consciente à des problèmes d'angoisse, mais de la
recherche d'une "défonce" dans une société qui ne
La consommation de boissons alcoolisées par les
sait plus leur proposer d'avenir. Ces jeunes
jeunes a donc été longtemps très précoce, on
recherchent avant tout des sensations, I'alcool
additionnait le lait des biberons d’ eau-de-vie pour
devient un jeu "je bois pour m'amuser" et ce jeu,
des raisons « antiseptiques » dans certaines
campagnes. Jusqu’à une période récente, l’eau
rougie (de vin) et le cidre sont encore bien souvent
Nous constatons également l'association de plus
des boissons admises pour les jeunes enfants.
en plus fréquente de la prise d'autres toxiques,
l'alcool servant soit à potentialiser l'effet de ceux-ci, soit à les remplacer temporairement.
De nos jours, l’initiation à la consommation
d’alcool a généralement lieu plus tard, autour de
Il peut s'agir de produits illicites (haschisch, mais
l’adolescence à l’occasion d’un événement
également héroï ne), dont l'alcool, associé à des
particulier, anniversaire, fête, communion, etc.
opiacés mineurs (codéine), constitue un substitut
Les conditions de cette initiation vont fortement
de choix. 4% des nouveaux consultants des
conditionner les relations du sujet avec l’alcool.
Une information sur ce que sont les boissons
consommateurs de drogues illicites.
alcoolisées, la place qu’elles ne devraient pas occuper dans nos habitudes alimentaires et les
risques qu’elles font courir devraient permettre à
chacun une bonne maîtrise de sa consommation.
La prise concomitante d'alcool et de médicaments
Malheureusement, dans de nombreuses familles,
psychotropes
l’usage de boissons alcoolisées est présenté psychisme) est également de plus en plus
somnifères courants) et les opiacés (opium,
fréquente, posant le problème des effets
héroï ne, morphine, codéine.). Il existe dans
secondaires mais aussi celui de l'aggravation des
certains quartiers des grandes villes un véritable
addictions (terme anglo-saxon signifiant
marché noir des médicaments psychotropes qui
dépendance au sens large), puisqu'il existe de
sont vendus au comprimé et généralement
nombreux phénomènes de dépendance croisée
consommés avec de l'alcool. 8% des nouveaux
entre l'alcool, les benzodiazépines (famille à
consultants sont également consommateurs de
laquelle appartient de nombreux tranquillisants et
psychotropes licites au niveau national.
des deux alcools préférés des jeunes (la bière et
les alcools forts), on retrouve une augmentation
significative du risque suicidaire. Les ivresses
solitaires sont associées à un risque plus important
que celles survenant dans un contexte festif. La précocité des ivresses semble également jouer un
Les antécédents de toxicomanie intra-veineuse, la
promiscuité sexuelle, l'effet désinhibiteur de l'alcool
Plus un jeune consomme tôt des boissons
qui favorise des relations sexuelles impulsives et
alcoolisées et plus il évolue vers une
non protégées augmentent considérablement le
consommation régulière, plus les risques sont
risque de contamination par les virus VIH (
importants. L’association à des troubles
virus du SIDA ) et ceux des hépatites B et C.
du comportement et à l’utilisation de drogues
illicites aggrave également le risque suicidaire.
L’alcool et accidents de la route.
Les équipes des C.H.A.A sont donc confrontées à
un nombre croissant de ces patients présentant un profil psychopathologique assez différent de ceux
Les jeunes paient un lourd tribut à l’alcool au volant
auxquels nous étions habitués, une insertion
ou à moto, ce sont cette fois les alcoolisations
sociale souvent très précaire, des problèmes
conviviales qui sont les plus concernées.
juridiques, sociaux et médicaux particulièrement
complexes. Leur demande est souvent assez floue
Les statistiques « REAGIR » (Réagir par des
et les réponses que nous sommes habitués à
enquêtes sur les accidents graves et des initiatives
fournir à des patients ayant de nombreuses années
pour y remédier) étudient les causes des accidents
d'alcoolisation derrière eux apparaissent souvent
inadaptées. L'existence de polytoxicomanies et
les risques de contamination virale imposent
aux équipes de soin un travail en réseau avec des
partenaires médicaux et sociaux afin d'améliorer
7554 concernaient au moins un jeune conducteur
les réponses qui peuvent être fournies à ces jeunes
5605 conduisaient un véhicule léger, l’alcool est
Face à ces nouveaux défis, il parait essentiel que
impliqué dans 28 % des cas (contre 14 % chez les
les équipes soignantes s'impliquent dans des
actions de prévention qui doivent déborder le strict
1023 conduisaient une moto, l’alcool est impliqué
L'ensemble des équipes de prévention et de soins
en alcoologie doivent aussi rappeler aux pouvoirs
Plus de la moitié de ces accidents ont lieu la nuit.
publics et aux décideurs politiques le risque qu'il y
aurait à banaliser les problèmes liés à l'alcoolisation
Plus de la moitié de ces accidents ont lieu le
et à l'alcoolisme en France. Des problèmes
sanitaires plus récents et apparemment plus
inquiétants pour l'opinion publique en raison de
La prévention et l’information concernant les
leurs implications sécuritaires ne doivent pas faire
risques de l’alcool sur la route sont ici essentielles,
oublier ce vieux compagnon de la civilisation
européenne, l'alcool, qui a su, lui, nouer les
L’alcoolo-dépendance chez les jeunes.
On parle plus de risque alcool que d’alcoolo-
Ivresses et tentatives de suicide.
dépendance chez les jeunes, celle-ci existe pourtant. Dans une récente étude de la Société
Française d’Alcoologie, portant sur plus de 1000
Les récentes études de l’INSERM montrent que la
patients alcoolo-dépendant, 13 % avaient moins de
consommation d’alcool sous toutes ses formes est
30 ans. L’Association de la consommation de
associée à une augmentation du risque suicidaire.
tabac et de drogues illicites augmente les risques
Celle-ci est modeste si l’on considère l’alcool dans
de survenue d’une alcoolo-dépendance : chez les
sa globalité, mais si on étudie la consommation
patients toxicomanes consultants dans des
centres spécialisés, la dépendance à l’alcool est
retrouvée dans 50 % des cas. Malheureusement,
L'éducation et la reproduction du modèle que
ces jeunes consultent souvent tardivement et le
constitue le parent du même sexe jouent
diagnostic est souvent occulté par les autres
probablement un rôle beaucoup plus
dépendances, il est pourtant indispensable de faire
important, mais l'exemple peut au contraire être
le diagnostic aussi précocement que possible afin
de limiter les risques et de proposer des soins
Facteurs physiologiques.
La facilité avec laquelle un sujet va développer des
Les difficultés liées à la thérapeutique.
phénomènes de tolérance et de dépendance à
l'alcool est très variable, celà tient à son état général
Il n’existe actuellement que peu de structures
à son sexe à son poids et à sa constitution d'où une
spécialisées dans la prise en charge des
grande inégalité face à l'alcool.
problèmes liés à la consommation pathologique
d’alcool chez les jeunes. Il n’est pas certain qu’il
Facteurs psychologiques.
« marginaliser », néanmoins certaines réponses
On ne peut pas définir le portrait type du malade
thérapeutiques doivent-être adaptées; un discours
alcoolique, on retrouve fréquemment une certaine
trop strict sur le caractère définitif de l’abstinence,
immaturité, une difficulté à assumer le statut
même s’il peut être souvent souhaitable, est
d'adulte, « à se placer en sujet », des traits
difficile à entendre pour un jeune qui n’a pas encore
anxieux ou dépressifs. L'alcool est aussi un
vécu, le discours des associations dites d’anciens
moyen de soulager une souffrance avant de
buveurs apparaît souvent également inadapté pour
devenir un besoin.
des patients dont l’expérience de vie est totalement
différente de celle de la majorité des participants à
Alcool et dépression.
ces réunions. Le développement de phénomènes
nouveaux concernant la relation des jeunes avec
Les symptômes de l’alcoolodépendance et ceux
l’alcool impose aux équipes des structures de
de la dépression sont voisins, on retrouve tristesse,
soins d’inventer d’autres outils thérapeutiques et un
perte de l’élan vital, désintérêt, anorexie,
insomnies. Il est indispensable avant de porter le
diagnostic de dépression chez un malade
alcoolique de s’assurer de la persistance de ces
4- QUELS SONT LES FACTEURS ETIOLOGIQUES ?
d’abstinence. Le plus souvent le tableau clinique
était du à l’alcoolisation et non à un état dépressif
Facteurs génétiques et familiaux.
sous-jacent. Il est inutile ou illusoire de traiter par antidépresseurs un patient alcoolique non
Il existe une influence certaine du milieu familial et
les enfants de parents alcooliques sont plus
Deux études anciennes ont fait évoquer une
5-LA CONSOMMATION D'ALCOOL ENTRAINE -T-ELLE DES
Sur un échantillon d'Américains de 30 ans, tous
COMPLICATIONS SOMATIQUES ?
adoptés en bas âge et n'ayant pas connu leurs
parents biologiques, le taux d'alcoolisme était
La recherche des complications revêt une
significativement plus important chez ceux dont un
importance diagnostique et pronostique qui va
des parents biologiques était lui-même alcoolique.
conduire au choix des indications thérapeutiques.
De même dans le cas de jumeaux vrais, séparés à
la naissance et placés dans des familles
Les complications digestives et ORL.
différentes, le fait que l'un soit alcoolique augmente
la probabilité pour l'autre d'avoir aussi des
•Les voies aéro-digestives supérieures
De récentes études auraient retrouvé des
Bouche, langue, amygdales, pharynx, larynx,
anomalies chromosomiques pouvant expliquer ces
oesophage peuvent être le siège de cancers, en
particulier en cas d’association à une intoxication
Mais de nombreuses incertitudes existent et les
facteurs génétiques sont aujourd’hui très discutés.
•L’estomac. du foie est souvent augmenté. Il est alors, dur,
indolore avec un bord inférieur tranchant.
L'action érosive de l'alcool entraîne fréquemment
L'échographie montre un foie augmenté de volume
des gastrites. L'alcool ne provoque pas d'ulcère non homogène, les fonctions hépatiques sont
par lui même, mais il en est un facteur aggravant,
ralenties ( baisse de l'albuminémie et du Taux de
de même pour les cancers de l'estomac.
Prothrombine), mais il peut également y avoir une
atrophie du foie. La cirrhose hépatique entraîne un
ralentissement du passage sanguin à travers le foie,
•Le pancréas.
provoquant une augmentation de la pression en
amont appelée hypertension portale.
L'alcool provoque une activation des enzymes
digestives à l'intérieur même du pancréas qui se
Au stade de cirrhose décompensée : La défaillance
détruit lui même, c'est la pancréatite aiguë
du foie s'aggrave, son architecture est en partie
révélée par des douleurs et une élévation de détruite, la bile s'écoule difficilement entraînant un
l'amylasémie. ictère (élévation de la Bilirubine sanguine), la
Si l'intoxication persiste, des poches de nécrose
synthèse de l'albumine s'effondre provoquant un
déséquilibre osmotique responsable des oedèmes.
C'est la pancréatite chronique confirmée par
L'hypertension portale provoque une fuite du
l'échographie et le scanner. L'évolution peut
plasma dans la cavité abdominale; c'est l'ascite et
conduire à un cancer du pancréas.
un développement de la circulation collatérale au
La fonction endocrine du pancréas est également
niveau de la paroi abdominale et du bas oesophage
perturbée (synthèse de l'insuline) I'alcoolisation
; ce sont les varices oesophagiennes qui
peut aggraver ou même provoquer un diabète .
peuvent se rompre et entraîner des hématémèses
(vomissements sanglants). La baisse des facteurs
•Le foie.
hémorragique . Le pronostic est grave et la
récupération ne sera jamais complète. L'apparition
d'un cancer du foie (hépatome primitif) peut
-I'hépatite alcoolique aiguë avec asthénie et
encore aggraver la situation. L'abstinence totale
ictère, l'examen peut montrer une hépatomégalie
est la règle absolue
ferme et souple . Le taux des Transaminases Les complications neurologiques.
-Lastéatose , due à des dépôts graisseux
(triglycérides) dans le tissu hépatique sans
•Au niveau périphérique.
destruction de celui ci, la fonction hépatique est conservée, la symptomatologie souvent discrète:
l'examen montre une hépatomégalie régulière,
homogène et souple confirmée par l'échographie.
Atteinte sensitive et motrice d’origine axonale
touchant principalement les membres inférieurs
dont les fibres sont plus longues. Le premier signe
est la disparition du réflexe achiléen.
-Lacirrhose hépatique.
•Au niveau central. Au stade de cirrhose compensée: c'est-à-dire tant
que la diminution des fonctions hépatiques ne
perturbe pas l'ensemble de l'organisme : le volume de la gaine de myéline dont le rôle est d'accélérer
l'influx nerveux et semble liée à des troubles de
Le tableau associe troubles de la mémoire,
troubles de l'humeur, fausses reconnaissances.
Au pire, il peut associer une amnésie antérograde
et une désorientation temporo-spatiale complète.
Il n’est pas toujours réversible.
Elle associe un ralentissement psychomoteur, des
troubles de l'équilibre, des troubles visuels, des
céphalées, puis une confusion mentale, parfois
des épisodes délirants. C'est une urgence !
Le patient présente un trouble de la vision des
couleurs et une baisse de l'acuité visuelle avec
rétrécissement du champ visuel. Elle peut conduire à la cécité .
maladies cardio vasculaires ou les autres
•Le delirium tremens.
complications liées à la consommation d’alcool. S’il
n’y a pas lieu de recommander l’abstinence totale à
C’est un syndrome de sevrage provoqué par l'arrêt
un patient coronarien buveur modéré, l’ OMS a
brutal et intempestif de l'intoxication alcoolique .
clairement précisé qu’il serait irresponsable et
L'effet de "frein" que l'alcool exerçait sur le système
contraire à l’éthique de conseiller à un sujet
nerveux n’existe plus et le système "s'emballe". Il
abstinent quelle qu’en soit la raison de se
associe des tremblements, des sueurs, une (re)mettre à consommer sous prétexte de déshydratation, une confusion mentale totale avec
prévention des maladies coronariennes.
désorientation et un délire hallucinatoire très
angoissant. Il peut être mortel en l'absence de
Le syndrome alcoolo-foetal.
traitement, c'est une urgence grave. Sa survenue
est un signe majeur de dépendance physique.
•Au cours de la grossesse, I'alcoolémie du foetus est identique à celle de sa mère, une Les complications cardio-vasculaires.
consommation régulière d'alcool est donc
préjudiciable à la croissance de l'enfant.
•L'hypertension artérielle.
•Pendant la grossesse, on note un retard de
Complication fréquente et précoce souvent
croissance in utero.
méconnue, elle peut-être provoquée ou aggravée
•A la naissance, on note un retard de croissance
Tout bilan d’hypertension devrait inclure la
global et des anomalies morphologiques
recherche d’une consommation excessive d’alcool.
constituant le syndrome d'alcoolisme foetal :
-Lèvre supérieure mal dessinée, sans relief.
•La cardiomyopathie alcoolique.
Son mécanisme est mal connu. On note d'abord
une dyspnée, des palpitations, puis apparaissent
des signes d'insuffisance cardiaque. Il n'y a pas
d'obstacle mais une baisse de la force de
•Ces enfants présentent souvent un retard de
croissance, un déficit psychomoteur avec des Cardiomyopathie Non Obstructive.
difficultés d'acquisition de la marche, de la parole,
des troubles scolaires, des troubles caractériels. •Le paradoxe français.
•Des doses relativement modérées de l’ordre de
quatre verres par jour pendant la grossesse
Différentes études internationales ont montré que
entraînent des anomalies chez plus de la moitié
de petites doses d’alcool, et en particulier de vin
des enfants, et aucune consommation pendant
semblent avoir un effet protecteur contre les la grossesse ne parait pouvoir être considérée maladies coronariennes (angine de poitrine et comme étant sans risque.
infarctus), cet effet s’observe pour des doses
situées entre un et deux verres par jour (soit
sept à quatorze par semaine) et disparaît pour des
doses plus fortes, il ne concerne pas les autres
de prévention et de soins dans ce domaine. On sait
que la perte d'un travail entraîne rapidement une
perte des repères, des horaires, des habitudes
vestimentaires et parfois de l'hygiène, l'alcool ne fait qu'amplifier ces problèmes ce qui rend d'autant
6- ALCOOL ET TRAVAIL.
plus aléatoire l'hypothèse d'une reprise d'activités.
Malgré une législation aujourd'hui assez précise,
les relations que l'alcool entretient avec le milieu du
Alcoolisme et travail.
travail ont toujours été assez ambivalentes. Elles
reflètent la difficulté de chacun à se situer par
Le malade alcoolique est un homme de
rapport à sa propre consommation d'alcool et par
travail.
rapport à l'image que lui renvoie celui qui boit.
Le lieu de travail est un milieu préservé il donne une
Les conditions économiques actuelles rendent bien
entendu plus que jamais nécessaire une politique
A quoi correspond le travail pour le malade
du travail puissent l'accompagner et l'encourager.
Le discours d'abstinence de celui qui a trop bu
- Un surinvestissement qui joue le rôle d'écran par
n’apparaît pas crédible à ses collègues, et bien
souvent au premier "accident de parcours", la
-Un alibi : "Je ne suis pas malade puisque je
sanction tombe. Il est donc essentiel que la
hiérarchie comprenne qu'on ne sort pas d'une
-Une explication : "Avec le travail que je fais ".
maladie aussi grave sans quelques passages
-Une fuite par rapport au milieu familial et à ses
-Une déculpabilisation : "On ne peut rien me
reprocher (sur le plan professionnel .)"
Alcoolisation et travail.
-Une affirmation de la virilité pour les hommes.
Pour éviter d'en arriver à des situations difficiles, il
Tous les niveaux hiérarchiques et toutes les
est essentiel de pouvoir mettre en place une
professions sont concernés. La répartition entre les
prévention du risque alcool et de sensibiliser
différentes catégories socio-professionnelles
chacun au problème de l'alcoolisation, sur le lieu
correspond à celle observée dans la population
de travail et en dehors du cadre professionnel.
Il existe un problème éthique : Comment respecter
La phase de « tolérance ».
Le malade alcoolique joue le rôle de "clown social",
Il y a une contradiction apparente entre le respect
il est celui qu'on aime bien, qui amuse qui
des choix de chacun, la nécessité de ne pas juger,
fait rire mais on se garde bien d'aborder le
le désir de ne pas dire et le devoir moral de prévenir
problème de son alcoolisme car étiqueter quelqu'un
comme alcoolique suppose que l'on se positionne
soi même par rapport à sa consommation.
On sait qu'il existe une certaine relation entre la
Le prétendu respect de la vie privée amène chacun
moyenne d'une population et les pathologies
constatées. Il faut également insister sur les
circonstances de la vie où le risque est encore plus
Le fait établi persiste, l'employeur considère
important comme la grossesse par exemple.
souvent que former quelqu'un d'autre au même
poste lui coûtera cher, donc on temporise.
Ces considérations devraient amener une
entreprise responsable à mettre en place un
La phase de rejet.
dispositif de prévention du risque alcool. Voyons
quelles peuvent en être les modalités.
Paradoxalement celui ci survient souvent de façon
brutale au moment où des soins sont proposés, ce
L’état des lieux.
qui correspond souvent à une période où sont
constatées des défaillance sur le plan
Il est essentiel de tenir compte de la réalité des
problèmes d'alcoolisation et d'alcoolisme dans une
entreprise, de l'organisation du travail, du désir de
Les masques tombent, on considère alors
chacun de changer les habitudes et de prendre
facilement qu'il est trop tard pour maintenir
conscience de l'image que la société donne d'elle
l'intégration de ce salarié devenu encombrant.
Le malade alcoolique devient bouc-émissaire et on
Les objectifs.
imagine qu'en le chargeant de tous les problèmes
de la société et en le mettant dehors on réglera les
-La prévention individuelle par rapport au risque
difficultés de l'entreprise. Le rôle du médecin et de
l'infirmière du travail est évidemment essentiel à ce
-Le dépistage des sujets en danger par rapport à
un abus d'alcool ou une dépendance à l'alcool afin
de pouvoir proposer des soins suffisamment tôt
Après le sevrage.
Quand il a été possible de réintégrer le patient
-La sécurité pour les salariés de l’entreprise et ses
dans son cadre professionnel, il est essentiel que
le médecin du travail l'assistante sociale l'infirmière
Les avantages.
sanctionner mais au contraire de préserver l'emploi
-Diminution du nombre et de la gravité des accident
-La durée ; seule une action de prévention
s'inscrivant dans le temps est susceptible de faire
évoluer des habitudes dont les racines culturelles
productivité de l’entreprise (Les malades
alcooliques abstinents sont souvent perçus par leur
hiérarchie comme d’excellents éléments).
-Le secret ; il est indispensable que ceux qui sont
amenés à recevoir les confidences des personnes
-Amélioration de l'image de la société à l'extérieur
en difficulté avec l'alcool s'engagent à respecter un
(et ce, tout particulièrement vis à vis de
secret absolu et que la campagne se déroule dans
-Amélioration de la cohésion au sein de
Les moyens.
Ils seront adaptés à la situation de chaque
Les pièges.
entreprise, mais le thème central de la campagne
sera l'analyse de la relation que chacun entretien
-Il est indispensable d'impliquer la totalité du
avec l'alcool. Un médecin du travail ou un service
personnel, y compris les cadres, la hiérarchie et
de médecine du travail isolé n'aura guère la
les dirigeants, et ce pour deux raisons : La
possibilité d'aller au delà du dépistage des patients
première est que l'alcoolisation et l'alcoolisme
peuvent concerner tout le monde. La deuxième est
que les responsables doivent montrer l'intérêt qu'ils
Un plan de prévention du risque alcool ne peut
qu'être une décision politique au sein d'une
entreprise et doit faire l'objet d'un consensus de
-Les règles doivent être claires, simples et
respectées : Menacer un salarié de sanction s'il ne
se soigne pas et ne plus s'occuper de lui a toujours
Le réseau.
un effet désastreux sur l'ensemble du personnel,
sur la crédibilité de la campagne et sur la
-Le service de médecine du travail et le service
motivation de ceux qui s'y sont impliqués.
-La concertation avec l'ensemble des salariés et
-Un "groupe relais" sera créé au sein de l'entreprise
en particulier les représentants syndicaux est
incluant si possible des anciens malades.
fondamentale. Il convient d'expliquer qu'il ne s'agit
pas de faire la "chasse aux sorcières", de
-Les mouvements d'anciens buveurs de l'entreprise, s'il en existe, ou extérieurs à celle ci.
-Le comité départemental de prévention de
l'alcoolisme, le centre d'hygiène alimentaire et
ACCOMPAGNEMENT ET TRAITEMENT DU MALADE ALCOOLIQUE
La maladie alcoolique est une pathologie
Disons d'emblée que le but que nous recherchons
complexe, sociale, médicale et psychologique,
est de permettre le retour à une situation
s'accompagnant de problèmes relationnels et
d'équilibre que l'on pourrait appeler le bien-être et
parfois de troubles de la personnalité. Le traitement
que l'abstinence n'est qu'un moyen
va donc aborder simultanément ces différents
L'accompagnement s'inscrit dans le temps car les
difficultés du patient vont évoluer sur une longue
LES OBJECTIFS
période, il devra être aussi précoce que possible.
Dans notre société, l'alcool est omniprésent. Sa
J'aborde intentionnellement ce chapitre en premier
consommation en tant que rite d'initiation à la vie
car la prise en compte et la résolution des
adulte et aide à la communication conditionne les
problèmes sociaux conditionne le succès du
relations individu - alcool. Ces différentes étapes ne
seront pas franchies de façon identique. La vie d'un
indivi du commence dès sa conception, et est
Le travail.
conditionnée par les caractères physiques et
Le patient a-t-il un travail ? et, dans ce cas, y a-t-il
transmettre de façon héréditaire et par l'éducation
des difficultés à ce niveau ? L'équipe doit se mettre
qu'ils lui donneront. Le caractère et les traits
en relation, le cas échéant, avec l'assistante
dominants de la personnalité s'élaborent dans les
sociale, le médecin du travail ou une association
tout premiers moments de la petite enfance, vont
d'anciens buveurs travaillant au sein de l'entreprise
ensuite se succéder diverses périodes qui vont
. Le maintien de l'activité professionnelle est
caractériser les relations du sujet et de l'alcool :
fondamental, particulièrement de nos jours, en cas
de menace de licenciement, il est parfois possible
de négocier avec l'employeur une période d'essai
LES MOYENS
pendant laquelle on va "donner une dernière chance" à l'employé. Quand il n'a pas d'emploi, il
faut vérifier l'inscription à l'ANPE, la perception
d'allocations, déculpabiliser le patient chômeur et
Il faut garder à l'esprit deux notions importantes :
valoriser la "reconquête" d'un emploi.
a) l'alcoolisme est une pathologie globale,
médicale, sociale et psychologique. Son traitement
Les finances.
va nécessiter un travail d'équipe de façon
Beaucoup de nos patients présentent des
situations financières très dégradées avec des
b) l'évolution de nos sociétés occidentales a
dettes importantes. Les organismes de crédit et
progressivement supprimé la notion de risque et
les promoteurs incitent des gens peu informés à
celle de défi. Un des effets pervers du progrès
souscrire des emprunts bien au delà de leurs
social parait-être de démotiver certains sujets par
rapport à la vie. L'alcool, l'usage d'autres toxiques
ou de tranquillisants est souvent un moyen de
capacités de remboursement. Il est essentiel
d'envisager des plans de redressement, ceci en
supporter cette situation faussement confortable.
relation avec les services sociaux, car une
La part du travail qui va consister à redonner au
psychothérapie et un traitement médical sont
sujet le goût de la vie, le goût du combat et celui
complètement illusoires chez une personne
du défi en prenant des risques et en acceptant
des incertitudes apparaît donc indispensable. Il
est nécessaire de développer ces actions très
La justice.
précocement afin d'inciter le patient à se prendre en charge, à relever les défis et ainsi à revaloriser
Certains patients nous sont adressés en raison de
son image à ses yeux et à ceux de son entourage.
conduite délictueuse (alcoolémie positive au volant,
acte médico-légaux), il est parfois nécessaire de
les assister dans ce domaine . Nombreuses aussi
sont les procédures de divorce où il est important
LES SEPT PILIERS DE LA
d'essayer de limiter les conflits et d'encourager les
SAGESSE ALCOOLOGIQUE
solutions simplifiées type consentement mutuel.
2- PILIER PSYCHOLOGIQUE.
différents domaines dans lesquels l'ensemble des soignants vont intervenir.
La prise en charge psychologique de la pathologie
alcoolique est bien évidemment essentielle. Elle va du soutien léger du patient et souvent de son
1- PILIER SOCIAL.
conjoint à la psychothérapie proprement dite
pratiquée par un psychologue ou un psychiatre dans le but d'amener à une prise de conscience
des mécanismes de l'alcoolisation et de lutter
-mouvement dits d'anciens buveurs, ils sont
contre celle ci. Cette thérapeutique amenant
très nombreux, il est souhaitable qu'ils restent
souvent une certaine frustration, il est important
indépendants des équipes soignantes. Les patients
feront leurs choix en fonction de leurs affinités et
mouvement d'anciens buveurs jouent un rôle
leurs options philosophiques. Le caractère amical,
la prise de responsabilité au sein de ces
associations, l'entraide et la solidarité sont
autant de facteurs favorables. L'adhésion à ce type
3- PILIER FAMILIAL.
d'activité permet également au patient de garder en
mémoire, pendant longtemps, qu'il a un problème avec l'alcool sans prolonger au delà du nécessaire
La famille et particulièrement le conjoint souffre
des consultations qui perpétuent l'idée de maladie .
également à cause de l'alcool . Le patient
Les anciens buveurs sont les alliés naturels et
alcoolique est souvent amené à renoncer en partie à
souvent indispensables des soignants.
son rôle au sein du groupe, il va donc falloir
redéfinir de nouvelles relations et de nouveaux 6-PILIER CULTUREL.
rôles pour chacun, sans l'alcool. Il est néanmoins
un principe essentiel : à l’exception d’un premier
La culture est la connaissance du monde qui nous
entretien où on ne connaît pas la personne, on ne
entoure et un moyen de se l’approprier pour y vivre
doit en aucun cas recevoir les membres de la
mieux. Il ne s’agit pas d’une approche élitiste de
famille ou de l'entourage en l'absence du
l’alcoologie, mais de donner à chacun les moyens
patient afin d'éviter les "non dits" toujours
de se valoriser et de choisir ses objectifs.
préjudiciables à la relation de confiance, il est
toujours possible d'orienter un conjoint ou un enfant
Les outils sont les ateliers thérapeutiques
(écriture, musique, arts plastiques) mais aussi leur
prolongement associatif (bibliothèque, club de 4- PILIER CORPOREL.
Maîtriser un moyen de communication sur un plan
culturel ou artistique est souvent le meilleur moyen
Le malade alcoolique fait souffrir son corps, il l'
pour savoir ensuite l’utiliser dans sa vie.
oublie , parfois le rejette ; un travail de
7-PILIER MEDICAL. «restauration narcissique » va permettre une
nouvelle harmonie . L'action se développe dans
Le traitement médical va souvent rythmer
trois directions : I'esthétique, le sport (si possible
l'accompagnement, il comprend deux dimensions
celui que le patient pratiquait précédemment) et la
sexualité très souvent perturbée lorsqu'il existe un
problème d'alcool avec perte d'intérêt, absence de
-le diagnostic : type de consommation, gravité,
contraception, absence de surveillance etc. Il
s'agit là d'une dimension importante de la vie
relationnelle qui doit être abordée avec un
-le traitement: sevrage, maintien de l'abstinence,
traitement des complications, traitement
psychotrope . Il a un rôle charnière, mais n'a de
5- PILIER ASSOCIATIF
sens que quand tous les autres éléments sont en
(LES GROUPES).
L'apprentissage d'une nouvelle vie sociale est
favorisé par la participation à des activités de
LA CHRONOLOGIE
-groupe de parole au sein d'une structure de
Il n'existe pas de traitement type, le déroulement
des soins est variable d'un individu à l'autre,
néanmoins quelques points de repère sont utiles.
-groupe d'activité (groupe piscine par exemple).
-groupe de psychothérapie. Il est indispensable
qu’il soit animé par un thérapeute bien formé.
cours desquels peut survenir un pré DT ou un DT
1-LES TROIS ETAPES :
Sur le plan pratique, le traitement associe une
A- La préparation.
vitamino thérapie B et PP à fortes doses, une
réhydratation par voie orale dont le volume devra
dépasser largement la quantité de boissons
Etape essentielle puisque c'est au cours de celle-ci
alcoolisées habituellement ingérée afin de prévenir
que l'on va définir les objectifs et choisir les
tout phénomène de déshydratation et la
moyens . Il est essentiel d'obtenir l'adhésion du
prescription de tranquillisant, à assez forte dose.
malade au programme proposé en lui faisant
comprendre qu'il n'existe pas de solution miracle,
que l'abstinence est un moyen de parvenir à régler
ses problèmes mais n'est pas un but en soi, qu'elle
qui sera indiqué chez un patient seul, anxieux,
doit être obtenue mais qu'une reprise de
présentant des complications médicales ou une
consommation est possible, qu'il est important de
situation de conflit familial ou chez des sujets dont
savoir en parler et que cela ne signifie pas
la très forte consommation peut faire redouter la
forcément rechute au sens de retour à la "case
survenue de complications de sevrage. Il a lieu
départ' . En dehors d'une situation d'urgence
dans un service de médecine compétent en
médicale, il est important d'éviter les décisions
alcoologie et utilise le même type de traitement, la
hâtives et de laisser le choix au malade, ceci
réhydratation pouvant être intraveineuse. Il dure
B- Le sevrage.
Les premiers jours passés, débute le programme
de "consolidation". Ces soins doivent recevoir
Il s'agit de l'arrêt total de la consommation de
l'adhésion du patient, une attitude passive
l'alcool, il faut le présenter comme une étape et se
méfier du terme de cure souvent investi d'un
caractère magique et miraculeux par les patients. Il
est important d'utiliser les moyens les plus légers
possibles, afin de garder en réserve d'autres
C'est la classique "cure" pratiquée en centre
possibilités en cas d'échec. Trois possibilités
spécialisé souvent assez loin du domicile du
malade . Il sera réservé au patient ayant connu
des échecsavec des moyens plus légers, et à
ceux présentant des complicationsimportantes
ou des troubles psychologiques majeurs. Les
techniques sont sensiblement les mêmes, mais la
Chez un patient motivé ne présentant pas de
durée est plus longue habituellement quatre
complication médicale majeure, il est possible
semaines et va permettre l'amorce d'un travail de
dans environ 50 % des cas et présente l'avantage
psychothérapie, d'ergothérapie, de relaxation.
de ne pas déraciner le patient de son milieu
familial. Il impose le respect absolu de quelques
- le patient doit être en arrêt de travail et ne pas
Etat physique ou psychologique précaire.
conduire car le traitement est difficilement
Mise à distance prolongée par rapport à l'alcool.
compatible avec ces deux activités et le sevrage
Indication d'outils thérapeutiques spécifiques.
- il ne doit pas être seul afin d'être, ainsi que la
personne qui l'accompagne, au courant des
Un sevrage ne doit pas se décider en urgence.
symptômes pouvant faire craindre les troubles du
Le patient doit être volontaire
sevrage (sueur, tremblements, hallucinations,
(pas de cure en Hospitalisation à la demande d’un
etc.) et ainsi pouvoir contacter un membre de
Il doit y avoir une prise en charge financière.
- le patient doit être vu tous les jours, par un membre de l'équipe, pendant la période la plus
critique, c'est à dire les 4 ou 5 premiers jours au
-La réhydratation.
Essentielle, car les reins vont continuer à éliminer
une quantité de liquide correspondant au volume de
boissons ingérées avant le sevrage et vont avoir
Il s'agit de faire retrouver une vie harmonieuse sans
besoin de temps pour s’adapter, il faut donc
alcool, au patient et à sa famille. Ce travail est
apporter une quantité suffisante de liquide et ne
parfois amorcé au cours d'une hospitalisation
réduire les apports que très progressivement pour
longue mais sera, de toute façon, à poursuivre
éviter tout accident de déshydratation pouvant
pendant plusieurs mois, par une équipe pluri
participer à l’apparition d’un Delirium Tremens.
disciplinaire, dans un centre d'hygiène alimentaire
et d'alcoologie ou une consultation hospitalière le
Par voie orale, de l’eau et des jus de fruits (qui
plus souvent et ce en relation étroite avec le
apportent des sels minéraux) en évitant les excès
médecin traitant et les services sociaux concernés.
Elle s’appuie sur ce que nous avons appelé les
Par perfusion, si les quantités nécessaires sont
sept piliers de la sagesse alcoologique.
très importantes ou si l’on souhaite pouvoir injecter
rapidement un calmant chez un patient agité. Si le
La phase de consolidation doit-être prolongée, en
soluté contient du glucose, il est essentiel de
relation avec le médecin traitant permettant
s’assurer d’un apport de Vitamine B1 par voie
progressivement, à l'équipe, de prendre une
orale ou intra musculaire (en l’absence d’allergie
distance avec le patient. Il est essentiel de lui faire
sentir qu'il sera le bienvenu en cas de difficultés, en
consomme de la vitamine B1 ce qui peut entraîner
cas d'angoisse ou de reprise de consommation .
chez des malades carencés et dénutris, une
Un espacement trop rapide des rendez-vous est
baisse de son taux sanguin et des troubles
souvent un facteur angoissant qui peut entraîner
-Les anxiolytiques (sédatifs en général).
Pour éviter le syndrome de sevrage (dont la forme
la plus grave est le Delirium Tremens), provoqué
par la suppression de l’effet calmant de l’alcool.
est efficace et bien toléré, il prévient les crises
les "interdicteurs" ou "antabuses" comme le
La dose initiale est 30 à 60 mg par 24 h en 3 à 6
disulfirame (Esperal®) (TTD B3B4®). Ce produit
prises, avec réduction progressive de la posologie
se prend de façon quotidienne, il n'a aucun effet
sur une semaine environ en fonction de l’état du
chez un patient abstinent . En cas d'absorption
d'alcool, il interfère avec le métabolisme provoquant
D’autres benzodiazépines (Seresta®, Xanax®.)
l'accumulation d'un dérivé intermédiaire:
peuvent être utilisées en fonction des habitudes
I'actetaldehyde qui entraîne des réactions
des médecins, elles sont un peu moins efficaces
désagréables : flush (bouffées de chaleur),
pour prévenir les crises d’épilepsie.
nausées, vertiges, vomissements. ll faut
Le Meprobamate (Equanil®) et ses dérivés
impérativement en respecter les contre-indications,
(Atrium®) peuvent également être utilisés.
car les accidents peuvent être graves: Epilepsie,
Maladies cardiaques, insuffisance hépatique.
-Les vitamines du groupe B.
sont nécessaires pour permettre au système
responsabilisant et est souvent trop investi par les
nerveux de reconstituer les gaines de myèline
patients d'un pouvoir magique. Cependant, chez
lésées par l’alcool et des apports insuffisants en
des sujets motivés, il peut être une aide au
vitamines (B1 essentiellement) et améliorer la
maintien de l'abstinence à condition d'être prescrit,
après sevrage, chez un malade régulièrement suivi
et informé que le produit n'évite pas les "envies de
-L’ Acamprosate (Aotal®)
boire". Son efficacité est également variable d'une
est en principe prescrit après le sevrage, certains
l’utilisent dès ce stade, ce qui n’est pas conforme à
Les « implants d’Esperal», comprimés retard
implantés sous la peau et actifs six mois ont été
retirés du marché en raison d ’accidents
C- La consolidation.
thérapeutiques et d’une efficacité insuffisante, le
ne sont indiqués que chez des patients présentant
un réel état dépressif confirmé à distance (une
les "additolytiques", produits agissant sur les
dizaine de jours) du sevrage. le traitement doit être
mécanisme de la dépendance et visant à réduire
prolongé, et on évitera les produits présentant des
risques toxiques importants en cas de tentative de
L’Acamprosate (Aotal®)
est un agoniste du GABA (c’est à dire qu’il stimule
Un traitement autrefois classique est de
les récepteurs normalement activés par ce
moins en moins utilisé: La «cure de Champeau »
neurotransmetteur) et se prescrit après sevrage,
ou « piqûres chauffantes »: injections intra-
chez un patient régulièrement suivi . Il parait
veineuses rapides de Sulfate de Magnésium dont le
diminuer notablement l'envie d’alcool. Il s'agit d'un
but est de faire sentir au patient son corps et de lui
produit qui aide le malade à "dire non". Là encore, il
apprendre à se relaxer. L'essentiel de son intérêt
est essentiel d'informer les patients des limites de
repose dans le dialogue qui s'instaure avec un
La Naltrexone (Revia®)
est un anti-morphinique qui empêche les dérivés de
l’alcool ayant une activité de type morphinique de
se fixer sur les récepteurs aux endorphines et de stimuler les centres du plaisir. La prise d’alcool est
LES C.C.A.A
moins gratifiante et l’envie de boire diminue.
Ce sont des lieux de consultation, situés le plus
souvent dans des appartements, à l’extérieur des
hôpitaux. Créés en 1970 sous le nom de Centres d’ Hygiène Alimentaire (CHA), chargés de l’accueil
des buveurs à risque et de leur entourage, ils ont vu
sont prescrits en raison des fréquentes carences
leur compétence élargie en 1983 et sont devenus
causées par l’absorption régulière d’alcool, et une
Centres d’ Hygiène Alimentaire et d’ Alcoologie
alimentation souvent déséquilibrée. Ils contribuent à
(CHAA) ce qui officialisait le fait que les équipes
l’amélioration du fonctionnement du système
soignaient également des buveurs dépendants.
Depuis 1999, du fait de leur changement de statut administratif (loi de 1975) ils sont devenus, Centres
de Cure Ambulatoire en Alcoologie (CCAA).
sont souvent nécessaires chez des patients
Leur organisation est précisée dans une circulaire
souvent anxieux, le soutien psychologique n’étant
ministérielle. Elle comprend une équipe
pas toujours suffisant, on privilégiera des produits
n’induisant ni dépendance ni troubles de la
-Un secrétariat chargé de l’accueil, fonction
mémoire, l’usage des benzodiazépines doit-être
-Un ou plusieurs travailleurs sociaux, chargés de
la première évaluation, du bilan social et d’une
partie de l’accompagnement alcoologique en
sont utilisés avec parcimonie, leur prescription
relation avec le reste de l’équipe soignante.
n’est pas LA réponse à un trouble du sommeil, le
médecins somaticiens
traitement doit être de courte durée et utiliser des
(généralistes le plus souvent) formés à l’alcoologie,
produits n’induisant pas de dépendance.
chargés du bilan médical, des choix thérapeutiques
-Un ou plusieurs psychiatres habituellement
chargés de l’évaluation psychologique de certains
sont parfois utiles chez des patients agressifs ou
malades et du suivi psychothérapique de ceux qui
agités, leur usage reste exceptionnel et doit se
le nécessitent. Ils peuvent être amenés à prescrire
limiter à des produits faciles à manier.
-Un ou plusieurs psychologues dont la mission
Les « post-cures » reçoivent des patients sevrés,
est voisine de celle des psychiatres, mais ne
dont l’essentiel des problèmes médicaux est réglé.
Les programmes sont également très variables
-Plus rarement, les équipes peuvent comporter
infirmières, diététiciennes ou éducateurs.
-La réinsertion professionnelle (ce qui devient
Il est souhaitable de développer des activités collectives, groupes de parole, ateliers
thérapeutiques, activités sportives, en s’appuyant
éventuellement sur une structure associative
2-OUTILS THERAPEUTIQUES.
faisant participer les patients, mais en gardant une
indépendance par rapport aux mouvements dits
Les outils classiques.
Les équipes de CCAA participent à des actions de
Déconditionnement (Piqûres chauffantes).
prévention, d’information et de formation
(cours, accueil de stagiaires) en relation avec les
Comités Départementaux de Prévention de
Rencontre avec les associations d'anciens buveurs.
L’Association Nationale de Prévention de
l’Alcoolisme gère plus de la moitié des CHAA
implantés en France, les autres dépendent des
Les outils " PSY "
DDASS, d’hôpitaux, de centres de santé
Psychothérapie individuelle d’inspiration analytique.
Le financement est essentiellement public,
dépendant principalement du ministère de la santé,
mais également des caisses de sécurité sociale,
et des collectivités territoriales. Les actes ne sont
Les outils culturels. « CURES ET POST-CURES »
Ateliers de masque, photo, arts plastiques.
1-DEFINITION.
Il s’agit de services spécialisés accueillant des
patients alcooliques motivés. Il est préférable pour
Les outils " américains ".
des raisons de coût et d’efficacité de les réserver à
des patients motivés déjà engagés dans un suivi
Mis au point par des équipes d’outre Atlantique ils
régulier et chez qui on aura tenté un traitement
ont l’intérêt de la nouveauté et l’inconvénient de la
ambulatoire. Il faut garder à l’esprit qu’au retour le
difficulté dans laquelle se trouvent les patients de
patient aura souvent du mal à retrouver sa place
les poursuivre à l’extérieur, peu d’équipes les
dans sa famille qui aura appris à vivre sans lui.
Les « cures » reçoivent généralement des patients
non sevrés, le séjour comprend le sevrage, un bilan
La Programmation Neuro Linguistique (PNL).
médical et psychologique approfondi et un travail
de réadaptation physique et psychologique. Les
programmes thérapeutiques sont parfois très
3-OBJECTIFS.
différents, il faut connaître les outils thérapeutiques
des différents centres et orienter les patients sur
des indications médicales précises. La durée de
-Restaurer la confiance en soi et l’image de soi
c’est la « Restauration narcissique ».
-Apprendre à vivre sans alcool et intégrer que c’est
Le bilan est souvent lourd, le moyen de l'accepter
est la dérision. Les patients vont donc raconter un
peu complaisamment, à l'équipe soignante ou aux autres malades, leurs histoires d'alcool et
d'alcoolisation, les bons moments, ceux où l'alcool
EVOLUTION DE L'ETAT
était leur meilleur ami, ce sont leurs "histoires de chasse ", elles traduisent la difficulté à affronter une D’ESPRIT DU PATIENT 4- LES INTERDITS.
Il est essentiel que le patient soit motivé et acteur
La phase de consolidation est maintenant bien
de ses soins, il faut également tenir compte de son
amorcée . Afin d'assurer son choix de vie dans
état d'esprit pour franchir les différentes étapes du
l'abstinence, le patient va avoir besoin de points de
traitement. Le patient va passer par des stades qui
repère et de "barrières" le protégeant contre
l'alcool, ce sont: l'équipe soignante, le groupe, les
médicaments, les activités extérieures qu'il va
pratiquer et les responsabilités qu'il va prendre ainsi
que les « rites conjuratoires »
d'itinéraire pour aller au travail, contourner les
1- LE DENI.
cafés), en laissant parfois la place pour frôler le
risque (le diabolo fraise qui accompagne le tiercé
Lors des premiers contacts, le patient est souvent
dans une position défensive, il peut nier
complètement sa dépendance à l'alcool ou
Si la vigilance baisse trop vite, la venue de
minimiser celle-ci, sous estimer sa consommation
difficultés peut entraîner des reprises de
consommation . C'est souvent pour le patient
psychologiques et sociales. Cette négation
l’occasion de mesurer sa dépendance et d'asseoir
s'adresse tant au soignant qu'à lui même . Il faut
plus fortement son choix d'abstinence à condition
donc lui laisser le temps de mesurer la gravité de
qu'il ose venir en parler et donc qu'il sache que ce
ses problèmes et de désirer s'en sortir, c'est la
raison de l'importance de la phase de préparation
. Un sevrage imposé ou dont l'accord aura été
5- L'« INTROJECTION DES INTERDITS ».
"arraché" au patient risque de n'avoir qu'un effet
Il s'agit de l'intégration au fond de l'inconscient
des interdits que le patient s'est donné, il est 2-LA PHASE DE DEPRESSION.
définitivement établi pour lui que l'alcool est un
poison, il va progressivement pouvoir se passer des
La prise de conscience des difficultés à surmonter
différentes barrières qu'il avait dressées entre
s'accompagne souvent d'un certain découragement
l'alcool et lui, mais ce stade est toujours tardif et
du patient et d'une culpabilisation vis à vis des
conséquences de ses actes et de l'abandon de ses
responsabilités. Ceci survient habituellement autour
de la phase du sevrage et se trouve aggravé par la
ABSTINENCE ET RECHUTE
suppression des effets antidépresseurs de l'alcool.
L'accompagnement psychologique est fondamental et il peut-être nécessaire, à ce stade,
de mettre en route un traitement antidépresseur
sachant que celui-ci n'agit pas immédiatement et
Diverses écoles s’opposent sur ce sujet, sans faire
devra, s'il est entrepris, être poursuivi pendant
de l’abstinence un dogme et de la rechute un
tabou, on peut dire que la dépendance est
presque toujours un phénomène permanent et
Cette période est délicate, elle peut-être un facteur
que chez un patient dépendant, la reprise d’une
de reprise de la consommation et il ne faut pas
consommation contrôlée est le plus souvent
illusoire et donc dangereuse, car la perte de
3-LA PHASE DE « COMPLAISANCE ».
La difficulté est parfois de savoir si le patient est en situation de dépendance ou d’abus d ’alcool et c’est alors l’évolution qui nous renseignera. L’hypothèse d’une « reconsommation » doit-être d’emblée évoquée comme un événement pouvant survenir et dont il faut alors parler. Le patient doit en connaître le risque même à distance du sevrage, mais notre rôle n’est en aucun cas d’interdire ou de donner des ordres. Chacun doit pouvoir en fonction des informations qui lui sont données faire un choix personnel. Il est néanmoins discutable de laisser croire à des patients dépendants que l’abstinence n’est pas nécessaire sur le long terme. Le terme de « Rechute » est souvent traumatisant pour les malades, car il suppose l’anéantissement des efforts déjà accomplis, il est nécessaire de dédramatiser un tel événement, de parler de « Reconsommation » et de créer un climat de confiance qui évitera le déni ou la fuite dans la crainte d’un jugement. CONCLUSION
Le suivi alcoologique doit être pluridisciplinaire, prolongé dans le temps et basé sur la confiance réciproque. Il est important de respecter la progressivité dans les moyens utilisés et de faire du patient l'acteur et non le sujet de son rétablissement.
F O R M A T O E U R O P E O P E R I L C U R R I C U L U M INFORMAZIONI PERSONALI PAOLO GIOVANNINI N. 40, VIA DAMIANI, 29122 PIACENZA 0523/456810 3356388158 [email protected] Nazionalità ITALIA 17.02.1961 PIACENZA ESPERIENZA LAVORATIVA • Date (da – a) DAL 01.06.2012 AD OGGI • Nome indirizzo del datore di lavoro UNIONE VALNURE VALCHERO