cancer du seinMartine Berlière, Pascaline Hayois, Filomena Mazzeo, François Duhoux, Jean-Pascal Machiels, Jean-François Baurain
Clinique du Sein / Centre du Cancer, Clin Univ St-Luc, UCL, Bruxelles
Keywords: changes in life-style – alcohol consumption – physical activity – weight control – biphosphonates – metformine – vitamin d
La prévention non hormonale du cancer du sein est un domaine complexe qui regroupe:- des interventions non pharmacologiques (modifications de l’alimentation, augmentation de l’activité physique,
diminution de la consommation d’alcool et contrôle du poids);
- des interventions pharmacologiques (utilisation des biphosphonates, de la vitamine D et de la metformine);- des interventions chirurgicales (mastectomie prophylactique bilatérale et annexectomie) pour les femmes porteuses de
mutation BRCA1 et 2. Ce type de prévention n’est pas discuté dans cet article.
Les femmes doivent prendre conscience qu’une alimentation équilibrée responsable d’un contrôle pondéral, une augmentation de l’activité physique et une réduction de la consommation d’alcool leur permettent de réduire de manière significative leur risque de développer un cancer du sein. En ce qui concerne les interventions pharmacologiques, l’apport des biphosphonates semble efficace. Les études prospectives de supplémentation en vitamine D ne sont pas concordantes à l’heure actuelle. Le mécanisme d’action et les premiers résultats des études avec la metformine semblent très promettreurs.
essentiellement l’utilisation des biphosphonates, l’utilisa-
Le cancer du sein est de loin le cancer le plus fréquent
tion de la vitamine D et la metformine.
chez la femme. Un cancer sur 4 est un cancer du sein. Une femme sur 9 à une femme sur 8 risque d’être atteinte d’un cancer du sein à un moment de sa vie. Le risque d’être
touchée par ce cancer augmente avec l’âge.
Modification du style de vie et activité
Différents facteurs ont été mis en évidence dans la ge-
nèse de la maladie. Il existe bien sûr des facteurs géné-tiques, des facteurs endocriniens endogènes, des fac-
De nombreux travaux (1, 2) ont montré une diminution de
teurs endocriniens exogènes (comme l’utilisation des
20 à 70% de risque de développer un cancer du sein chez
traitements hormonaux de substitution) et des facteurs
les femmes qui ont une activité physique régulière tout au
environnementaux (comme des facteurs alimentaires,
long de leur vie. L’analyse de la littérature montre qu’au
la consommation d’alcool, la sédentarité et l’obésité).
moins 3 à 4h d’activité par semaine d’intensité modérée à
La prévention non hormonale du cancer du sein est un
élevée seraient nécessaires pour produire une diminution
domaine complexe et il est important de garder à l’esprit
statistiquement significative du risque de cancer du sein.
que des liens étroits existent entre la prévention non hor-
L’activité physique regroupe le sport proprement dit, mais
également les activités domestiques. C’est ainsi que dans
Parmi les facteurs non endocriniens, on regroupe l’acti-
l’étude EPIC (European Prospective Investigation Into Can-
vité physique et le régime alimentaire (avec notamment
cer and Nutrition Study) (1), le risque de cancer du sein est
une diminution de la consommation d’acides gras et de
diminué chez les femmes situées dans la quartile d’activité
la consommation d’alcool et une majoration de l’apport
domestique le plus élevé versus celles qui étaient dans le
de fruits et de légumes, et de l’activité physique). Sous
quartile le plus faible (-19% chez les femmes ménopau-
le vocable d’intervention pharmacologique, on inclut
sées et -29% chez les femmes non ménopausées). 205 GUNAIKEIA ■ VOL 16 N°7 ■ 2011
Dans une revue récente de la littérature (2), ces résultats
L’association claire et nette entre un risque accru de cancer
sont confirmés et il apparaît que le risque de développer
du sein et des niveaux de consommation d’alcool même
un cancer du sein diminue de 6% chaque fois que l’on
faibles est une source de préoccupation importante, no-
ajoute 1h d’activité sportive par semaine.
tamment vu l’évolution des habitudes de consommation
Mais l’intérêt de l’activité physique ne se limite pas seu-
d’alcool chez les femmes dans de nombreux pays. Les ac-
lement à la prévention primaire, il concerne également la
tions de santé publique contre la consommation d’alcool
diminution du risque et du nombre de récidives de cancer.
Neuf études prospectives qui regroupent plus ou moins 18.500 patientes confirment l’association entre l’augmen-
En ce qui concerne les interventions non pharmacolo-
tation du risque de cancer du sein et l’augmentation du
giques, il est maintenant clairement prouvé qu’en limitant
poids tout au long de la vie (1, 3-5). Le contrôle pondéral
la consommation alcool, en maintenant un poids opti-
tout au long de l’existence constitue également un élé-
mal et en pratiquant une activité physique régulière, les
ment de prévention important et de diminution de risque
femmes peuvent faire la différence et réduire le risque de
de récidive chez les femmes atteintes d’un cancer du sein.
développer un jour un cancer du sein.
utilisation d’agents pharmacologiquesLa WHI (14), qui est une étude observationnelle, a enrôlé
L’étude WHI (Women’s Health Initiative) (6, 7) montre
151.592 patientes. Parmi celles-ci, 2.216 ont utilisé des
qu’un régime pauvre en graisses peut diminuer le risque
biphosphonates. Pour 90% d’entre elles, il s’agit de l’alen-
relatif de cancer du sein approximativement de 9%, mais
dronate et pour 10% de l’etidronate. Chlebowski constate
cette estimation n’est pas statistiquement significative.
que les patientes qui ont initialement une densité miné-
D’autres études (5) montrent qu’une diminution de la
rale faible ont un risque plus faible de développer un can-
consommation de graisses associée à une augmentation
cer du sein. En règle générale, les patientes chez qui on
de la consommation de fibres entraîne une diminution
diagnostique une densité minérale faible vont utiliser des
de risque de cancer du sein qui majoritairement n’est pas
Une autre étude israélienne (15) confirme les résultats de
Des résultats similaires sont observés en ce qui concerne
la WHI. Après un an d’utilisation, on observe une diminu-
l’augmentation de consommation de fruits et légumes
tion du risque relatif de cancer du sein pour les patientes
(8-10). Il n’y a pas de modification statistiquement signifi-
qui utilisent des biphosphonates. En fait, on note une
cative du risque de cancer du sein lorsque l’on augmente la consommation de fruits et légumes.
réduction du nombre de cancers infiltrants, de cancers de mauvais pronostic. Le mécanisme d’action des biphos-
En ce qui concerne l’alcool, si son rôle causal dans les can-
phonates dans la prévention du développement du can-
cers de la cavité buccale, du pharynx, du larynx, de l’oeso-
cer du sein est complexe. On sait que les biphosphonates
phage et du foie est bien connu depuis de nombreuses
inhibent la résorption osseuse médiée par les ostéoclastes.
années, la relation entre alcool et cancer du sein a été mise
Par cette action, ils diminuent le relargage du calcium et
en évidence plus récemment. Ainsi, la méta-analyse de Key
d’autres minéraux dans le flux sanguin. Dans un grand
(méta-analyse portant sur des études observationnelles)
nombre de processus de croissance cellulaire impliqués
(11) montre que les femmes ménopausées qui boivent de
dans le développement des cancers, la biosynthèse des
l’alcool ont un risque relatif majoré de 22% de développer
isoprénoïdes est requise. Ces molécules sont inhibées par
un cancer du sein par rapport à celles qui n’en boivent
les biphosphonates et c’est en partie par ce processus que
pas. Toute consommation additionnelle de 10g d’étha-
l’on explique leur activité anti-cancéreuse.
nol (approximativement une boisson) est associée à une augmentation relative de risque de 10% (12, 13).
En conclusion, qu’il s’agisse de l’étude WHI ou de l’étude
Selon le CIRC (Centre International de Recherche sur le
israélienne (14, 15), la consommation de biphosphonates
Cancer) et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé),
est associée à une diminution de l’incidence du cancer du
l’analyse de différentes études a montré qu’une consom-
sein et au développement de cancers de meilleur pronos-
mation quotidienne de 50g d’alcool (5 verres de vin, 5
tic. Néanmoins, toutes les questions ne sont pas résolues,
cannettes de bière ou 15cl d’alcool fort) est associé à un
notamment quelle est la durée optimale du traitement
risque relatif d’environ 1,5, soit une majoration de 50% de
par biphosphonates pour en retirer le maximum de béné-
risque pour une femme de contracter un cancer du sein.
fices et le minimum d’effets secondaires? A quel moment
Même une consommation faible mais régulière augmente
faut-il débuter le traitement par biphosphonates? Et quel
ce risque d’approximativement 7%. Ces données sont
biphosphonate se révèle le plus efficace dans la prévention
confirmées dans la méta-analyse de Key.
Autre question: est-ce que toutes les femmes peuvent en
le traitement du cancer du sein, et confirmer des espoirs
bénéficier ou uniquement celles qui ont une densitométrie
prometteurs. Une étude prospective organisée par le NCIC
osseuse indiquant une ostéopénie sévère/ostéoporose? En
(National Cancer Institute Canada) est actuellement en
attendant une réponse à cette question, les biphospho-
cours évaluant le rôle de la metformine dans le traitement
nates sont à réserver aux patientes qui souffrent d’ostéo-
porose. Pour les autres, il faudra poursuivre une évaluation par des études cliniques.
On peut résumer la prévention non hormonale par l’impli-cation de la patiente dans les phénomènes de prévention.
A l’heure actuelle, la question de la vitamine D et de ses
Cette implication requiert une modification des conditions
bénéfices possibles dans la prévention du cancer du sein
de vie avec pratique régulière du sport, alimentation équi-
n’a pas encore trouvé réponse (16, 17). Certaines études
librée et réduction de la consommation d’alcool. L’utilisa-
ont montré que la supplémentation en vitamine D peut
tion d’un biphosphonate est recommandée en cas de den-
exercer un effet protecteur chez les patientes préméno-
sité minérale osseuse faible. L’utilisation de la metformine
pausées (17). Dans l’étude WHI (14), il n’y a pas de réduc-
a mérité le lancement de différentes études prospectives
tion de risque du cancer du sein parmi les patientes post-
car les résultats préliminaires sont très encourageants et
ménopausées qui consomment un modeste supplément
la situation de la vitamine D doit quant à elle être clarifiée.
de vitamine D. Peut-être la dose de vitamine D utilisée est-elle trop faible pour observer un quelconque résultat. D’autres études sont nécessaires pour mettre en évidence un éventuel bénéfice de cette supplémentation.
De nombreuses études ont permis l’identification d’une augmentation du risque de différents types de cancer chez des patientes atteintes d’un diabète de type 2 (18, 19). Il est clairement objectivé que des hauts taux d’insuline sont
Lahmann PH, Friedenreich C, Schuit HJ, et al. Physical activity and breast cancer risk:
associés à une majoration de risque de cancer du sein de
the European prospective investigation into cancer and nutrition. Cancer Epidemiol
13 à 25%. Ces hauts taux d’insuline s’accompagnent éga-
Monninkhof EM, Elias SG, Vlems FA, et al. Physical activity and breast cancer: a systematic
review. Epidemiology 2007;18(1):137-57.
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Le rôle de l’IGF-1 (Insulin-like Growth Factor) (20, 21) est
Prentice RL, Kaan B, Chlebowski RT, et al. Low fat dictary pattern and risk of invasive
breast cancer: the Women Health Initiative randomized controlled dielary modification
fortement incriminé. En effet, des taux élevés d’IGF-1 as-
Chlebowski RT, Blackburn GL, Thomson CA, et al. Dietary fat reduction and breast cancer
sociés à une diminution de sa protéine porteuse circulante
outcome: interim efficacy results from the Women Intervention Nutrition Study. J Natl
d’IGFBP-3 (Insulin-like Growth Factor Binding Protein)
Smith-Warner SA, Spiegelman D, Vaun SS, et al. Intake of fruits and vegetables and risk of
breast cancer: a pooled analysis of cohort studies. JAMA 2001;285(6):769-76.
sont corrélés à cette majoration de risque de différents
Vangils CH, Peeters PH, Buenode Mesquita HB, et al. Consumption of vegetables and fruits
and risk of breast cancer. JAMA 2005;293(2):183-93.
cancers. Récemment, la metformine s’est révélée être un
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On peut brièvement résumer le mécanisme d’action de
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clinicians. Nurses Womens Health 2010;14(5):368-75.
tumeur. L’activation de la voie de l’AMPK supprime des
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Il semble que la metformine agit en diminuant les taux
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decreased in early stage operable premenopausal breast cancer. Int J Cancer 1995;62:266-70.
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un rôle important dans la prévention du cancer et dans
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l’amélioration de son pronostic. Différentes études pros-
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pectives viennent d’être mises en route afin de clarifier le
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rôle exact de la metformine dans la prévention, voire dans
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207 GUNAIKEIA ■ VOL 16 N°7 ■ 2011
http://www.merck.com/includes/print-friendly.html Merck and AstraZeneca Agree to Amend Partnership WHITEHOUSE STATION, N.J., June 27, 2012 – Merck (NYSE: MRK), known as MSD outside theUnited States and Canada, announced today that Merck and AstraZeneca have amended theoption agreement related to their partnership known as AstraZeneca LP (AZLP). The updated agreement provides that AstraZe